À table !
Un marathon, c’est quoi ?
Une course, oui.
Mais rien ne sert de courir, nous nous en rendrons compte bien assez tôt.
C’est une épreuve qui se déroule sur la longueur.
C’est donc ça le plus difficile !
Nous allons participer à un marathon-bouffe, et on n’en sortira pas forcément vainqueurs…
Voilà à quoi va ressembler notre séjour à Pekanbaru avec Violetta et Pulsie, les gentils organisateurs de l’épreuve.Parce que nous sommes veille de Lebaram (l’Aïd el Fitri en bahasa indonesia, la langue du pays), qui célèbre ici, pendant plusieurs jours la fin de Ramadan.
Ainsi pour fêter la rupture du jeûne, rien de mieux qu’un bon gueuleton.
Après une douche, nous entamons la soirée (l’échauffement ?) avec nos hôtes. Très rapidement, le courant passe et malgré la fatigue, ils nous emmènent dans un Ampera padang, petit bui-bui local où la nourriture, empilée dans des plats, est présentée en façade.
L’idée est simple et plutôt agréable. On vient poser sur la table plein d’assiettes avec un peu de tout. Peut-être une dizaine. On choisit, on pioche, on mange et se délecte.
Les goûts sont nouveaux, plutôt épicés. Il y a surtout de la viande, et quelques sauces.
Nous faisons une formidable rencontre gustative avec le rendang, un plat traditionnel local à base de viande de bœuf, de lait de coco, de gingembre, de curcuma et citronnelle.
Puis nos hôtes nous emmènent faire un tour. Nous passons par le supermarché pour prendre quelques fruits locaux. Des salak (fruits à la peau écaillée comme un serpent et à la chair ferme), rambutan (une petite balle de tennis poilue à la chair et au goût de litchi), mangis (le mangoustin, à la coque brune-violacée, la chair est délicieusement acidulée et sucrée, seul problème, il n’y en a jamais assez !), des lengkang (les « yeux de chats », là encore de petits litchi sous une fine peau jaune), du nangka (le fruit du jaquier – le plus gros du monde – aux segments fermes au goût fin et légèrement sucré) et bien sûr du durian (pour le plus grand plaisir de Marion, ce gros fruit impossible à manipuler et que l’on sent à des dizaines de mètres à la ronde).
Nous découvrons par la même occasion qu’ici, la carotte doit être importée… tout comme la tomate.
Eux sont surpris de savoir qu’on n’a pas d’ananas en France et que ça coûte un bras de s’acheter des mangues…
Nous finissons la soirée devant le défilé des mosquées en carton-pâte pour la fin de Ramadan.
C’est drôle.
Une bonne nuit nous attend.
Le réveil des athlètes n’est pas très matinal.
La première épreuve débute vers 13h.
Violetta et Pulsie nous offrent des vêtements traditionnels malais pour l’occasion. On se change, on se prépare et on grimpe dans la voiture pour rejoindre l’étape 1.
Située à une cinquantaine de km de Pekanbaru, nous arrivons chez la belle-mère de la sœur de Violetta. Alors que nous sortons de la voiture, tout le monde est surpris de voir deux buleh (prononcé boulé, ce qui veut dire laowai).
Intimidées, les femmes (les hommes sont à la mosquée) nous regardent, nous sourient, nous demandent si nous sommes musulmans et nous montrent la cuisine pour aller nous servir à manger.
Voici les règles de ce qu’on nommera le marathon de l’Aïd Mubarak.
En Indonésie (on ne sait pas trop si c’est pareil ailleurs pour Lebaram), pendant deux-trois jours, tout le monde rend visite à sa famille, aux plus vieux principalement, dont la porte de la maison est grande ouverte et à l’intérieur de laquelle il y a à manger. Beaucoup. Plein de choses différentes. Du sucré, du salé, du neutre, du pimenté ou du vinaigré. Il y a l’embarras du choix.
La tradition veut que l’on offre le repas à quiconque vient rendre visite.
La tradition veut que l’on n’oublie personne de la famille.
Nous n’avions pas compris les règles, au départ.
Polis et bien élevés que nous sommes, nous avons goûté à tout et deux fois.
Les légumes au curry, le longtong (riz gluant cuit dans une feuille de bananier), la sauce rouge, le gâteau gluant marron et l’autre vert, les cacahouètes salées et les chips d’oignons.
On nous fait goûter à tout, on nous ressert, et on en a plein la bouche !
Tout le monde se réjouit de notre présence et s’empressent de faire des photos avec des buleh. C’est ainsi qu’une heure après notre arrivée, nous devons déjà partir.
– Ah mais déjà ? c’est fini ?
– Non, nous allons rendre visite à la tante de Pulsie.
– Mais il n’est pas trop tard ? Elle ne sera pas trop triste qu’on ait déjà mangé ?
– Non, non. Mais il va falloir remanger. C’est la tradition.
– Ah…
L’épreuve numéro 1 vient donc de se terminer.
Nous nous dirigeons ainsi vers l’épreuve numéro 2, qui sera du même acabit que la première : découverte des buleh, grand choix de nourriture et photographie.
…avant de rejoindre la dernière maison de l’autre tante de Pulsie, dernière épreuve de la journée.
Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’on allait recommencer le lendemain.
À la seule différence c’est que nous démarrons à 11h du matin et que nous allons enchainer 5 maisons, 5 familles, 5 ambiances toutes aussi chaleureuses, gourmandes et accueillantes les unes que les autres.
Tout au long de la journée, les mets proposés s’enchainent et seront différents. Et nous goûtons de nouveau à tout. Les gâteaux secs, le riz gluant encore avec la sauce moins curry, plus ou moins sucrée. Les nouilles jaunes ou blanches, le bouillon, les petits légumes, le riz et les pommes de terre, les gâteaux à la banane et ceux à la noix de coco, les fruits, les jus, le rendang, le poulet qui tâche et celui émietté, les macaronis, le lemang (riz cuit dans un bambou accompagné d’une autre céréale fermentée sucrée), les roti cenai, la sauce sate (à base de cacahouète), le kolang kaling (fruit confit dans du sirop), le wajid (truc gluant trop bon), le poisson séché, le cocktail de fruits, les pousses d’herbes, …
Tout ! Il est 18h lorsque nous achevons la dernière épreuve. Nous sommes épuisés et plus que repus.
Nos tenues traditionnelles semblent un peu trop serrées. Le ventre est bien rempli. (et rien que d’écrire ce texte, on en a des nausées). On n’en peut plus, mais quel accueil !
On a visité 8 maisons, avec à chaque fois de grands sourires et beaucoup de curiosité.
Nous sommes émus et impressionnés par cette cérémonie. (On est loin d’un noël en famille en cercle fermé !) Et puis, cela nous a aussi permis de passer de maison en maison, et de changer de paysage social, de la superbe villa du patron de Pulsie, à la modeste maison de leur jardinier. Dans des ambiances tantôt guindés, tantôt très familiales. Et toujours, les photos avec les buleh pour lesquelles les gens se changent pour se parer de leur plus beaux habits (car oui, en général, nos hôtes ne sont pas prévenus de notre arrivée… sinon, il sortirait encore plus de choses du frigo !)
Nous finirons la soirée dans un bui-bui (brochettes de poulets et le longtong au sate) histoire de parfaire la journée. Mais nous avons atteint un état de satiété proche de l’explosion gastrique.
Le ventre lourd, et la nuit à dormir sur le dos, nous essayons de faire une journée repos-nourriture, mais Violetta et Pulsie étant trop gourmands pour ça, ils sont ravis de nous faire découvrir les spécialités locales.
C’est ainsi qu’on partira se balader dans la campagne environnante, s’arrêtant au passage au stand de jus de sucre de canne (air tebu), puis à celui du lepat bugis (riz gluant et noix de coco).Mais Pulsie tient surtout à nous faire découvrir de vieilles maisons aux toits pointus, construites en bois (et sans aucun clou), et qui sont en train de disparaître et n’hésite pas à conduire une bonne centaine de kilomètres à un train de sénateur. Nous rencontrons les habitants et les voisins, on rentre dans ces vieilles maisons, allons visiter la mosquée du coin…Et puis comme il reste toujours une petite place dans nos estomacs, on termine dans un bui-bui pour une assiette de nasi goreng (riz frit) à l’agneau ou des nouilles kwatiau.
C’est encore une belle journée bien accompagnés et bien rassasiés.
Faux départ le matin de notre 4ème jour.
Le travel qui devait nous conduire dans le sud a décidé… de ne pas venir nous chercher.
Pas grave, on est tous contents de faire durer le plaisir un jour de plus.
Au programme, conseils de voyage, on va faire une tour dans les magasins du coin – qui ouvrent au compte-goutte suite à cette période de fête. Violetta et Pulsie veulent nos conseils pour acheter un sac à dos et parcourir un morceau d’Europe. Dans le mall, les autochtones dévisagent les deux nouveaux buleh fraichement débarqués, un jeune garçon viendra même fièrement serrer la main de Brice, avant de repartir aussi sec. Mais on se sent bien avec nos deux hôtes.
Pour ne rien changer, notre dernière journée sera entrecoupée de passage aux resto’s pour tester le gado gado (petit déjeuner local à base de haricots, sauce cacahouètes et légumes), et même un teh telor thé au jaune d’œuf sucré (hyper bon !). On pensait être préparés, être de gros mangeurs… on avoue, on a eu du mal.
Pulsie et Violetta sont unstoppable.
Pour résumé, il n’y a rien à faire à Pekan Baru, la ville n’a aucun sex-appeal, mais c’est pas grave.
On y a rencontré de vrais amis, qui nous ont accueillis comme des membres de la famille, avec gentillesse, générosité, affection et simplicité.
Et puis sans eux, on n’aurait jamais pu être immergés de la sorte dans la société indonésienne et vivre l’Aïd el Fitri.
On ne pouvait espérer mieux comme introduction à notre séjour en Indonésie.
On espère qu’on rencontrera encore des gens comme eux, inch’Allah…
Note : Violetta recueille des chats des rues, abandonnés ou mal-nourris.
Aujourd’hui, elle s’occupe de plus de 120 chats. En Indonésie, les gens n’adoptent pas.
En Europe, certains aiment beaucoup les chats, et ceux-ci pourraient être émus par son sacerdoce.
Prem’s
Ah ah ah!
Tu fais moins le malin la Sergio!
Bon! Je vais lire le post maintenant
Ca y est.
J’ai tout lu.
Bleurp.
Vous êtes magnifiques dans vos tenues traditionnelles!
J’ai plus fin mais que marion est belle .ces photos reflètent le bonheur la joie
Faut reprendre nos fondamentaux
Bises
et un autre dopé !
« la » Sergio fait des émules…
ça me « stupéfie » tellement
que de belles choses dans ce blog
comme les gens ont l’air généreux, pas que de bouffe, affectueux
avec partage, et humanité
« une terre peuplée d’hommes » devait autrefois sûrement ressembler à ça
ce qui m’étonne c’est cet excès de mangeaille
pourquoi faut-il s’en écoeurer, presque
bien sûr ramadan est passé par là
la privation déclenche le besoin, mais pourquoi « tout en trop »
ça n’explique pas (bien) tout
salam les « boulets »
bises bises
ps normalement, j’étais preum’s, mais comme j’ai pris du temps à lire le blog, à aller vomir, et à écrire un commentaire intelligent, forcément ça prend plus de temps que ceux qui sont seulement dans cette petite compét minable
« superficieux » va!
cet article est très drôle !!!
hé hé Star Ac’ 🙂
la maison « au toit pointu » est vraiment magnifique… pas autant que vous dans vos tuniques (surtout en bleu) : c’est dommage qu’on apprenne qu’elles sont en voie de disparition
Sinon, je pense qu’Osteen aurait kiffé se péter le bide
J’en peux plus!!!!!!
C’était g…..astronomique
J’aime bien ce pays où les femmes légèrement voilées ne sont pas reléguées à la cuisine et partagent nourriture et joie de vivre avec les hommes.
Show must go on!
Fantastique ces photos en « costume » avec la famille !
Ouaaah, je veux être un boulet aussi, ça a l’air trop bien!
Superbes les maisons en bois, dommage qu’elles ne soient pas plus entretenues. Ils ont peut-être d’autres chats à fouetter. Ah non pardon, pas les chats.
Bien joué Star Ac’, mais faut lire le post avant, la victoire n’en est que plus triomphante 😉
Bon app les amis!! Marion, tu es sublime dans ces très jolies tenues traditionnelles ! De grosses bises
Bonjour Brice-Mahmoud al-Badol et Marion-Fatima el-Giraudot !
vous avez repris les 15 kilos perdus ces 16 derniers mois ?
C’est en bonne voie!
Comment tu as trop la classe en Indonesien Brice, mais je suis quand meme pas certain que tu puisses garder RionMa longtemps, Di Caprio, Pitt et Belmondo ont vu les photos et sont tous tombes instantanement fou amoureux de la belle.
Sinon, petit sondage, ca donnerait quoi si vous deviez accueillir des gens d’ailleurs chez vous? Parce que ceux qu’on rencontre M&B sont du genre chaleureux et genereux en general. Serait-ce du a M&B ou au fait qu’on est devenu de gros connards egocentriques en Europe???? Allez, je paye ma pinte et mon divan a qui veut pour la peine.
Bahhhh…. On sent pose un peu la même question…
… Ça doit être un peu des trois on se dit..
Brice, il paye sa chatte
Ca-non !
Ce post, et Marion !!!!
J’ai faim !!! 😉