Après les Gorges du Saut du Tigre, un nouveau mythe s’effondre.
Shangri-La, du nom de la vallée perdue aux confins du Tibet à la société parfaite inventée par l’écrivain James Hilton, n’a cependant acquis ce nom que très récemment en 2001. Cela aurait dû nous donner la puce à l’oreille.
Les Chinois pour faire affluer les touristes ont eu l’idée géniale de donner ce nom utopiste à cette petite ville entourée de montagnes. Pari gagné puisqu’en 10 ans, le nombre de visiteurs (la plupart Chinois, nous ne croiserons que deux laowai) a été multiplié par 700.
On vous laisse imaginer l’impact économique (très bonne – notamment pour les immigrés Han) et celle sur l’environnement (une étude de l’université du Yunnan conclut que la conso’ écologique d’un touriste en 8 jours est supérieure à celle d’un local en six mois).
Le paradis mythique part en fumée.
Ce qui fût littéralement le cas en 2014, un grand incendie a réduit en cendre la quasi-totalité de la vieille ville.
Les maisons en bois toutes mitoyennes, ça brûle vite.
Et puis pour l’anecdote, si les pompiers ont répondu rapidement à l’alerte au feu… ils se sont retrouvés à sec devant les flammes. Plus d’eau dans les réservoirs. C’est ballot.
Depuis la vieille ville se reconstruit progressivement « à la chinoise ». Et peu à peu, les autocars reviennent déverser leur flot de touristes braillards.
Mouais…
On y passera bien quelques heures, mais pas de quoi casser trois pattes à un canard laqué.
Un énorme moulin à prière tout brillant, un musée de la « libération » des populations locales par l’armée populaire, un gros temple, quelques maisonnettes en bois… nous prendrons la tangente en prenant de la hauteur.Sur la colline adjacente, on a une belle vision d’ensemble de la vieille ville sur son tumulus, avec en arrière-plan, les montagnes qui ceinturent la plaine. Le temple posé là-haut est quiet. Les drapeaux sont nombreux et leurs vibrations sous le vent accompagnent notre balade, toujours dans le sens des aiguilles d’une montre.
Entre les deux, la ville nouvelle où nous aurons élu villégiature pour quelques jours.
Car comme à chaque étape, on se pose la question : vieille ville ou ville nouvelle ?
Et comme souvent nous choisissons de nous rapprocher de la ville nouvelle, certes pour l’aspect financier (gîtes et couverts sont souvent moins onéreux hors du quartier touristique), pour se protéger des autocars (qui progressivement reconquièrent l’esplanade de la nouvelle vieille ville) et leur lot de mégaphones, mais surtout car c’est ici que vivent les vrais gens, avec les vrais magasins et le marché.
En restant dans le petit centre historique, nous n’aurions jamais rencontré ces gens, manger dans ces bui-bui chaleureux où nous sommes accueillis les bras ouverts et où on se réunit autour du poêle fumant, l’opportunité ne se serait certainement pas présentée de rencontrer ces gentilles mamies qui viennent en ville vendre leurs fromages et leur yaourt au lait de yak.Et quelle richesse ethnique dans cette région.
Nous avions déjà loué la diversité ethnique en Chine et dans le Yunnan en particulier (plus de la moitié des « nationalités » du pays y sont représentées).
Ici nous sommes en territoire tibétain, mais pas seulement, on trouve d’autres minorités comme les Yi avec leur grand chapeau noir d’Alsacienne.Et puis voilà, on se confronte une nouvelle fois aux Chinois, ceux qui ne parlent pas un mot d’anglais mais sont toujours gracieusement contents de voir deux laowai déambuler dans leur quartier.
Nous expérimentons à Shangri-La un très bon accueil, les gens nous sourient et nous aident à trouver notre chemin.
C’est comme cela que nous atterrissons dans un dortoir d’auberge, non loin de la gare routière.
C’est plutôt la basse saison, et nous sommes seuls dans une agréable chambre spacieuse.
On comprend rapidement pourquoi ce n’est pas vraiment la bonne saison pour visiter la région.
Dès le coucher du soleil, le mercure fige presque. Même un pingouin aurait eu trop froid dans notre chambre. Comme dans toute ces régions, il n’y a pas de chauffage, pas d’isolation, mais des couvertures électriques sont posées sur le matelas…
Il n’empêche qu’on se les pèle : la nuit il doit faire moins de 5°C dans la chambre.
C’est l’occasion de ressortir Hermès, notre fidèle thermos chinois, et de le bourrer de thé vert, de tronçon d’orange, de fleurs de rose ou d’hibiscus…Et surtout d’eau bouillante !
C’est ainsi que très vite on ira faire des achats hivernaux – dure décision le jour même du printemps.
Allez ! on s’équipe donc chacun, d’un caleçon long (comme ceux des cow-boy dans les films), d’une paire de gants à 5 yuans et d’une polaire de contrefaçon.
Nous sommes ainsi prêts à affronter le froid pour notre prochaine destination.
Judi – à LiJiang – nous avait parlé du petit village de YuBeng.
Coincé dans les montagnes, on ne peut que rejoindre ce village à pied depuis le village déjà isolé de XiDang.
Pour le rejoindre les informations manquent.
Et compte tenu du relief accidenté de la région, les temps de trajet s’allongent considérablement.
On se dit donc qu’on essaiera de dormir à DeQin, pour le jour suivant repartir aux sources chaudes de XiDang… ça prend du temps de rejoindre un petit havre de paix dans la montagne et ça se mérite.
Le trajet est toujours aussi magnifique.
On quitte les larges plaines de Shangri-La pour de sinueuses routes de montagnes et des cols enneigés à 4440m.
Bon, et puis comme rien ne se passe jamais comme prévu, on arrive suffisamment tôt à DeQin pour pouvoir prendre le bus.
En plus, le chauffeur veut bien pour quelques yuan de plus nous déposer aux sources d’eau chaude. Parfait !
Le petit bus se charge des villageois qui rentrent dans leurs pénates et s’élance sur la route tortueuse qui mène à la vallée encaissée du Mékong (encore lui) et qui dessert tous les petits villages le long du fleuve.
Là encore le paysage est à couper le souffle (la piste escarpée à flanc de falaise que l’on emprunte l’est aussi). Nous serpentons dans des gorges arides, les villages s’allongent le long d’étroits plateaux surplombant la rivière de quelques centaines de mètres (c’est le comble d’être si proche d’une source d’eau si importante et de ne pouvoir en profiter).
Comme pour briser l’état merveilleux dans lequel nous étions, le bus s’arrête à un checkpoint, où il nous fait s’acquitter du billet s’entrée au parc naturel.
Ah oui ! Car si auparavant le ticket était de « seulement » 85rmb pour accéder au village de YuBeng, le nouveau tarif est désormais de 235rmb… super, puisqu’il inclut désormais quatre sites de plus espacés chacun de plusieurs dizaines de kilomètres… Pratique.
(On va donc proposer au Ministère du Tourisme de faire désormais un billet combiné unique permettant aux touristes de visiter la muraille de Chine, les soldats de terre cuite de Xi’An, la vieille ville de Suzhou, les cascades du Liaoning, les Cormorans de Guilin…Et tout un tas de superbes attractions qu’offre ce pays immense pour la modique somme de 1000€… c’est plus pratique, et tant pis si on ne peut pas tout voir.
Petite parenthèse « coup de gueule », partagé par la plupart des touristes, et même des Hongkongais rencontrés à YuBeng…)
Une fois arrivés à XiDang le chauffeur décide finalement qu’il ne fera pas les 5~6 km (mais 460m de dénivelé) jusqu’aux sources chaudes…
Le temps se couvre quand nous sommes donc débarqués dans le village de XiDang qui semble désert.
Le moral quelque peu attaqué, nous nous mettons en quête d’un logement pour la nuit.
On tape à une porte, et nous sommes agréablement accueillis dans une petite auberge familiale tibétaine.
On nous débarrasse de nos affaires et nous invite à rejoindre nos hôtes autour du poêle chaud. Cela nous réchauffe le corps et le cœur alors qu’un crachin se met à tomber dehors.
Un bon bol de riz, des fines lamelles de porc* et une bonne soupe chaude plus tard, Marion se relance dans des croquis, alors que l’on contemple la mamie tibétaine concevoir des bougies dédiées aux prières bouddhiques.
‘* on n’avait encore jamais vu un cochon entier séché aplati comme ça.
Prems?
J’ai eu froid en lisant malgré les belles couleurs et chaudes mais pour les sources d’eau chaude il.faut attendre le prochain épisode ?
Ils ont étendu le cochon sur la route pour qu’un poids lourd lui roule dessus?
ah ah : ils l’ont pas plutôt éviscérés… ce qui facilite l’aplatissement « naturel » en séchant ?
Génial le cochon et pratique à ranger entre 2 bouquins ou sous la télé.
Bises
Coucou !
Moi aussi je pensais que Shangri-La ça existait pour de vrai… mais je l’aurais plutôt mis en Inde 🙂
Trop ouf le cochon applati !!!! Mais comment ils font ?!! J’exige que vous restiez dans ce coin pour faire un post sur l’applatissage du cochon ! 🙂
Moi je croyais que c’etait en Espagne, et surtout que c’etait une boisson. Je suis con des fois. C’est vrai que ca donne un peu froid votre recit, meme si on sent que l apetite soupe rechauffe, vous avez quand meme l’air de cailler violent.
c’est un vrai cochon, ou une tirelire géante…?
bon, en vrai, moi, je suis pas fana des drapeaux multicolores, partout
en plus, ils doivent être tout bien synthétiques, avant ils devaient se faner, plus maintenant
c’est loin l’Amérique…?
bises, bises congelées