Pour faire une coupure dans le « corridor » touristique qui nous mène à Agra, on trouve sur le chemin trois étapes.
Les villages d’Orchha et Datia et la grande ville de Gwalior.
Toutes possèdent de vieux palais d’on ne sait plus trop quelle époque. Genre XVIe siècle avec des influences des Rajpoutes, des Moghols, des Maharaja, des Musulmans, des Jains et des Hindous. Autant dire, un bon mélange que l’on ne maitrise pas trop trop. Les uns chassant les autres, repeignant par-dessus, détruisant un bout pour en reconstruire un autre plus loin.
Après une presque bonne nuit en train sleeper (c’est-à-dire sans réels carreaux aux fenêtres, ni isolation phonique de nos voisins qui ronflent), nous arrivons à l’heure (!) à Jhansi (la grande ville proche de Orchha). Le train parcourt la campagne de l’Uttar Pradesh, c’est magnifique, on se croirait dans des paysages de savane (papy brossard).
Un tempo et une demi-heure plus tard, nous sommes déposés dans cette petite bourgade.
On part à la découverte de ces architectures. Ces grands palais coiffés de dômes plus ou moins gros. Parsemés dans la compagne indienne. Ils étaient recouverts de faïences turquoise et émeraude, qui ont aujourd’hui presque complètement disparus.
À l’intérieur, se trouvent des dizaines de cours, d’escaliers cachés, de balcons et chemins de traverses. Colonnades, arcades, bas-reliefs et plafonds sculptés et peints, ce décor se dévoile doucement. On se croirait dans un monde fantastique.
Les oiseaux (des perruches vertes !) s’accrochent aux rebords des gouttières taillées. Le silence est là.
En se promenant dans le parc autour, on aperçoit l’étable des chameaux et des éléphants du raja (ben oui, il avait des éléphants !), le hammam, et quelques autres petits temples dédiés à Vishnu ou Krishna. Toutes ces influences se mélangent ici.
Et lorsque nous iront nous balader à Datia, à quelques km d’Orchha, c’est un nouvel édifice que nous découvrons.
Encore plus isolé, moins fréquenté, nous sommes vraiment tous seuls à s’y balader. Nous avons l’impression d’effectuer un voyage dans le temps. De ressentir la vie qui y régnait ici (c’était un palais de détente du Maharaja de Orchha).
Le palais est immense, symétrique et précis. Les dômes sont comme des cerises sur le haut d’un gâteau. Les cours s’enchainent et s’accrochent les unes aux autres. Les coursives zigzagent, et les sculptures soutiennent les balcons aux garde-corps ajourés.
On a été un peu déçu par Orchha, non pas pour ce qu’on y a vu, mais comment nous y avons été reçu*.
La ville n’est pas très visitée par les étrangers, mais les touristes locaux étant nombreux, les marchands du temple savent comment y faire leur beurre. Résultat, on n’y passera qu’une nuit pour le lendemain s’enfuir dans la petite ville de Datia bien plus plaisante. Petites ruelles commerçantes et grand namaste des habitants, aucun touriste ne doit jamais passer par là, et les gens sont tous heureux de nous aider et nous voir. On casse la croûte et on monte dans notre train.
Il n’y a qu’une heure et demi de route pour rejoindre Gwalior. Nous achetons un billet general (rappel : tant qu’il y a du papier dans l’imprimante, on imprime des billets). À la gare, même gentillesse de la part de notre entourage, des sourires, de l’aide, des photos.
À l’arrivée du train, le wagon est déjà bien rempli. Mais en tassant un peu plus tout ça (je ne sais pas comment c’est possible de tasser plus… mais bon…), on arrive tant bien que mal à rentrer et à rester debout tout serrés, tel un jour de grève dans un métro parisien.
Il y a 30 personnes installées (sur les portes bagages aussi !) dans un espace prévu pour en contenir normalement 8.
Première expérience pas forcément agréable des wagons de 2nd, mais pas horrible non plus.
Gwalior est une grosse ville de 900 000 habitants. Sur le haut d’une colline, domine un immense fort. Une citadelle installée ici depuis le XVIe siècle, qui a vu se succéder tout un tas de rois et de maharaja, des Rajpoutes aux Anglais.
Finalement, on réalise que c’est une Histoire qu’on ne connait absolument pas. Et si quelques étudiants rencontrés dans le train nous parle systématiquement (!!!) de « l’Alsace-Lorraine pendant la Seconde Guerre Mondiale » – et nous demande si c’est en Allemagne ou en France, nous on ne connait pas grand-chose aux Rajpoutes et aux Moghols (de religion musulmane, ils se sont installés en Inde pendant trois siècles).
Mais en arrivant à la forteresse en fin de journée, on se dit qu’ils devaient être fort ces Rajpoutes. Et puissants. Le palais domine toute la ville en contrebas aux allures de kasbah. Sur la façade à couper le souffle, des faïences bleues et jaunes représentent des canards, des éléphants, des tigres et des paons. (Paons sauvages que nous entendons chanter « Léon, Léon »… à défaut de crier « Georges, Georges »… !) Sur la route qui mène péniblement à l’entrée du fort, des grandes statues ont été creusées dans la pierre.
L’intérieur du palais est tellement riche de sculptures. Portes, murs, plafonds, colonnes et encadrement. Partout, la pierre est taillée. Graphique et flamboyant. Arabisant et floral.
Il n’y a plus grand monde sur le parvis. Les pavillons, en plus ou moins bons états se présentent devant nous. Les styles diffèrent, l’architecture néo-classique d’un bâtiment côtoie le style moghol d’un autre édifice. Les remparts sont ponctués de petites cabanes aux dômes arrondis. En contrebas, la ville s’étale, baignée par la lumière du soir. Les arcades des cours intérieures encerclent les immenses citernes d’eau. Les plafonds laissent apparaitre des traces de peintures. Parfois, sur les murs on découvre quelques bas-reliefs de Vishnu.
On déambule dans ce décor, soleil couchant et lumière chatoyante.
On en prend plein les yeux. C’est beau.
On est contents, très heureux d’être là…
Gwalior est une super bonne surprise, une destination de dernière minute qui nous a enchanté sur notre route vers Delhi.
* En Inde, il faut plus que partout ailleurs, se battre pour ne pas se faire pigeonner par les commerçants et chauffeurs de rickshaw.
Pas à la campagne ou dans les petites villes, dans lesquelles, le Athiti devoh bhava est toujours dans les mentalités, et les gens trop heureux de nous aider, de nous voir dans leur boutique ou simplement de nous voir.
Mais dans les villes plus touristiques, on perd cet accueil, et on nous prend pour des Américains.
Mais on a parfois eu à se confronter à des situations « amusantes ».
Premier matin à Orchha, on passe dans le salon de thé crassouille en bas de notre auberge. 2 thés + 3 samosa pour 50 Rs…
Le lendemain, comme on a pas mal sympathisé, papoté et posé des questions. Résultat : 35 Rs pour le même service…
Ça se passe souvent comme ça.
Et quand on prend le bus pour rejoindre Datia, le mec en charge des tickets nous demande 2×220 Rs ou 2220 Rs, on ne sait pas trop.
Du coup, on lui redemande le prix, étonnés. Et on demande aux gens autour de nous, qui nous disent tous que c’est 60 Rs pour deux.
Le mec en charge des billets ne se démonte pas. « Ah…Pardon, je croyais que vous alliez à … »
Mouais,… même à ce prix-là, on aurait pu aller à Delhi !
En descendant du bus, un des passagers revient vers nous, complètement offusqué du prix que nous avait annoncé le mec du bus. Et rapidement un petit attroupement se forme, du style « Vous vous rendez compte combien il a voulu les faire payer… C’est scandaleux… Ohhh…. Noooonnn … Pffff…. »
Note 1 – Dans ces petites villes ou villages peu habituées aux étrangers, il n’est vraiment pas rare (et même parfois trop fréquent) que les Indiens s’arrêtent sur leur chemin… et nous demandent une photo, nous lancent des sourires… tandis que dans les lieux touristiques, si on nous demande d’où on vient, c’est pour ensuite nous dire : « bon’zour, komen ceva, un kadou da mon magazin »
… c’est moins agréable.
C’est tellement beau ! Ca donne envie de sauter dans un avion pour vous rejoindre !
Grandiose sans doute touristique mais grandiose
Bisous les jeunes
Absolument merveilleux…dit Léon à Georges ! Gros bisous
Magnifique, votre blog! Je m’en mets plein les mirettes!
Encore trooopppp bien!
Ce qui marque le plus je trouve, outre le savoir faire impressionant de ces peuples d’il y a plusieurs siecles en terme d’architecture, c’est l’enormite qui se degage des photos. Les batiment semblent (sont) immenses, les places aussi. Quand les gars decident de tailler un peu la pierre, directe ils te font 5 Boudha sur 70 metres de long. Bref, grandiose comme dit Magoldo. Bon mais sinon, rappelez vous quand meme que c’est leur vie aux petits marchands, de marchanger. C’est pas toujours cool c’est vrai, mais c’est leur vie et c’est probablement une des seules solutions que l’education qu’ils ont recut leur donne. Ca pourrait etre pire…gardez le sourire.
Le CJMM (Comité des Jeux de Mots Moisis) a décidé d’être clément pour le titre, par contre le « paysages de savane (papy brossard) » est formellement refusé.
Bises
Les 2 premiers palais me font penser à certains décors dans Star Wars… c’est peut être le trailer de l’épisode VII qui fausse mon jugement
Impressionnant le fort !
Sinon c’est à qui les pieds tordus et sans crème Nivea avec qui Marion a dû partager sa couchette ? 🙂