Kashgar était autrefois une ville importante de la route de la Soie et un gros carrefour des routes menant vers le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, et l’Est de l’Empire de Chine.
Donc, nous on arrive en Chine, mais pas vraiment…
On est dans la très grande région autonome du Xinjiang peuplée à très grande majorité de Ouïghours. Et bien que nous connaissions déjà un peu la Chine, ici, c’est totalement différent!
Les Ouïghours ne ressemblent pas du tout à des « Chinois », un peu plus à des Kirghizs… mais surtout à des Caucasiens… limite des Turcs. Des Chinois qui n’ont pas les yeux bridés !
D’ailleurs, la langue ouïgoure n’a rien à voir avec le mandarin. C’est est une langue turcophone (encore!!) proche du kirghiz, ce qui fait que pour discuter, on se retrouve dans un imbroglio de mandarin, russe, kirghiz, anglais… bref, on se comprend pas très bien.
L’alphabet arabe est utilisé pour l’écriture ce qui nous donne donc des enseignes en chinois et arabe… mais qui ne nous aident pas beaucoup !
Il arrive aussi que certains refusent de parler chinois, bien que cette langue soit enseignée à l’école – ce n’est en effet pas leur langue maternelle. Il faut dire, qu’à vol d’oiseau, nous sommes 1000 km plus proche de Téhéran que de Beijing : la Chine est vraiment énorme, il faut par exemple plus de 24 heures de train pour rejoindre Urumqi, la capitale de région.
Bon ok, le train ne roule pas vite… mais quand même !
Les hommes portent une petite moustache comme on s’imaginait la Turquie d’il y a 20 ans, les papys des barbes blanches bien taillées et des chapeaux carrés, et les femmes… ben les femmes sont plutôt bien couvertes. Car le peuple ouïghour est musulman, les femmes sont donc plus ou moins couvertes. Voire très fermées.
Certaines ne portent qu’un foulard sur la tête quand un petit nombre se cachent tout le visage ne laissant apparaître que leurs yeux… mais elles peuvent aussi être en minijupes (tout en portant un collant couleur chair sous un collant noir), laissant apparaître leur cou, ou même allaitant en public… C’est intéressant de voir que la pratique de la religion varie clairement entre les cultures (depuis Avril, nous sommes globalement dans des pays musulmans… Et toujours pas de porc – oh ! le port…groin groin !)
Et puis toujours du mouton, la viande que l’on voit pendue aux potences des stands ambulants, les bêtes qu’on égorge dans la rue… Mais moins de gras dans la cuisine, plus de viande woué !
La Chine est une superbe expérience pour les gourmets (donc Brice !), chaque région, chaque ville possède ses spécialités culinaires et les Chinois en voyage se précipitent pour découvrir le patrimoine culinaire, avant le patrimoine historique. (Il faut dire aussi que l’historique disparaît doucement, et que ces même chinois n’en sont pas friands !)
On peut en faire l’expérience au marché de nuit où une multitude de stands sont disposés de façon éphémère et où l’on peut goûter un plat de nouilles froides, des brioches fourrées aux légumes, du poulet laqué aux épices, des brochettes, des tripes, des pieds de vaches, des brochettes de couilles de mouton ou même de la soupe de têtes de mouton. Woué !
Enfin, on mange de tout : ça aiguise notre palais, prépare notre ventre…Et puis ce n’est pas mauvais !
On va aussi découvrir Kasghar, et son histoire, en se baladant dans les ruelles marchandes de la vieille ville.
Mais « vieux » en Chine est très relatif. La notion de « vieux patrimoine qu’on préserve » est toujours compliquée. Les gens n’y ont pas la même sensibilité que sur le vieux continent, ici, on refait tout.
On détruit, et on reconstruit. Un peu comme avant… mais c’est pas comme avant.
Ça donne des quartiers un peu trop neufs, un peu aseptisés, des Disneyland urbains mais au cœur desquels les artisans ont repris place et continuent de marteler le métal, sculpter le bois, et ferrer les chevaux, et où les gens continuent de vivre une vie de quartier…
Le charme persiste, les habitants gagnent en confort de vie, les touristes sont moins perdus… mais manque alors le cachet…
En se baladant, on tombe par hasard sur un des derniers morceaux du vieux Kasghar.
Une colline sur laquelle s’empilent des maisons en pisé, les unes sur les autres.
Des toits terrasses, des cours intérieures, des ruelles pleines de poussières… des enfants qui jouent dans les rues (dont un petit garçon qui semblait bien se marrer quand on lui a dit qu’on vient de France, du genre « hahaha ça existe pas ton pays !! »
On commence, doucement, à ressentir ce que pouvait être cette ville, quelques années, ou centaines d’années auparavant.
Mais ça et là, le quartier porte les stigmates des coups de pelles mécaniques rasent des maisons au fur et à mesure.
Un sentiment de malaise nous accompagne pendant notre balade… On reconnaît la politique de construction et d’extension des villes chinoises, les campagnes d’expulsions, et finalement, il ne reste qu’une poignée d’habitations ici… avec vue sur les gratte-ciel et la ville moderne qui mange tout au nom du progrès.
Enfin, c’est la Chine, on ne peut pas dire qu’on ne s’y attendait pas.
Et puis le tableau n’est pas aussi noir qu’il n’y parait, on se plaira à déambuler dans les allées du grand bazar de Kashgar.
On partagera aussi notre soirée au marché de nuit avec Fabrice, un Français rencontré dans l’après-midi. Ça nous fera du bien de papoter dans notre langue, de lui, de nous, de l’impression que nous fait cette région.
En fait, on réalise bien qu’on est en Chine, les sinogrammes, la ville bruyante (qui n’a pas connu la Chine ne peut pas comprendre), les scooters de partout, la foule…
…mais on a l’impression d’un autre pays.
On sent que cette région est riche d’une historique mixité culturelle, et qu’elle a pioché ces influences et sa culture tantôt à l’Ouest, tantôt à l’Est.
Un melting pot qu’on est contents de découvrir.
Note 1 – Heure de BeiJing ou heure du XinJiang ?
Tout le monde – et spécialement les Ouïghours – se décalle par rapport à l’heure officielle de BeiJing pour suivre le soleil.
Donc les enfants sortent de l’école à 20h, les gens déjeunent et dinent « tard »… et quand il nous faudra chercher un bus à 8h00 du mat’ pour aller prendre notre train à 9h20… et bien la ville sera totalement déserte et endormie comme Paris à 4h00… et donc pas de bus. Par contre, on nous a bien précisé que le train par à 9h20 heure de BeiJing !
Quel bordel !
Note 2 – ça y est, retour à la consommation de masse !
Note 3 – On sent tout de même que la situation politique n’est pas zen. Des portiques de sécurité dans tous les bâtiments, une présence policière – et même militaire avec de véhicules blindés – ultra présente notamment sur les grandes places et les carrefours importants : il faut rassurer les touristes à Kashgar ! Mais cette situation sera moins camouflée dans les villes de province, ou on note la présence de nombreux barrages et des soldats qui gardent les écoles.
À plusieurs reprises, on a également vu des panneaux gouvernementaux indiquant la tenue adéquate à avoir en public. Voilée comme ça, mais pas comme ça, et la barbe un peu mais pas trop, et le cou, et…
Et bon appétit bien sur
La foule du marché de nuit semble bien masculine. La mode des petits bibis me plaît bien et les normes sanitaires des abattoirs paraissent très peu ISO. Malgré tout vos photos font saliver et posent bien la question : c’est quoi le progrès ?
J’attends votre réponse à ce sujet quand vous vous poserez !
Avez-vous finalement pu prendre le train (et donc trouvé cette gare ?) ?
@coquille coquette : joli vernis, pour joli notebook !
Le titre, c’est pour les photos mélangées? C’est un jeu, c’est moi le prem’s, j’ai gagné quoi 😉
Bonjour les copains !! Bon appétit !
Ça serait chouette de pouvoir partager tous ces bons mets avec vous.
Bisous
vous pouvez ouvrir une rubrique une ville / un plat (ou un quartier / un plat ?) !
Et Brice, fais attention tu vas reprendre tous les kilos perdus !!
Et comment !
Dans la ville d’à côté (quelques 100km tout de même), le pain est différent, tu découvres de nouveaux plats et de nouveaux gouts… De nouvelles façons de cuisiner.
Le porc? Ah oui, Perrine, le port ! Bisous
Brice, je sens que tu vas reprendre du poil de la bête en Chine… plein de bons petits plats (miam miam)