La journée de train est longue pour rejoindre le Rajasthan, d’autant qu’on a choisi le chemin des écoliers.
On a entendu de bonnes choses sur le Rajasthan, comme quoi à lui tout seul cet état serait plus riche en patrimoine que tout le reste de l’Inde, que les palais des Maharaja sont merveilleux, qu’on peut aller se perdre au fin fond du désert…
Mais aussi le pire : le tourisme à outrance (avec son cortège de rabatteurs), et la chaleur accablante à cette période.
Qu’à cela ne tienne, s’il fait trop chaud, on fera la sieste et il y aura moins de touristes, et puis, commençons par une petite ville, et faisons ça de manière progressive.
On bataille donc pour rejoindre Bikaner dans le Nord.
Une première heure en general pour arriver à une gare de correspondance… Et y attendre notre train, qui est dans 3h. Ah oui, mais il a aussi 2h30 de retard… Il n’y a qu’un train par jour qui traverse le Punjab sur une voie unique et non électrifiée. On voyage la tête à la fenêtre à scruter le paysage qui défile et se transforme perdant de la végétation au fur et à mesure que nous descendons dans le Sud. Les paysages changent, certains brûlent leurs champs, d’autres cultures sont déjà vertes, peut-être la culture du riz a déjà remplacé celle du blé par endroit. Il fait chaud. L’air est chaud, et les ventilo, qui tournent à fond, brassent… rien du tout.
Dehors, une tempête soulève de la poussière… et sans fenêtre, celle-ci s’engouffre inextricablement dans le train.Après 12h de voyage, on arrive au milieu de la nuit à Bikaner.
Pas marrantes les villes indiennes quand elles sont désertes, on avait pensé à réserver notre nuit d’hôtel (la première fois depuis … pfffff… la Turquie ?). Du coup, notre hôte nous attend à la gare !
Et hop !
Le lendemain, on sort affronter les rayons du soleil et la chaleur torride…
On est aux portes du désert ici.
Mais on est assez vite charmés par les petites rues de la ville, les haveli (ces bâtisses familiales vieilles de quelques siècles) et les gens sont souriants.
Malgré nos réticences, on est plutôt bien accueillis ici
Personne ne nous attire dans sa boutique, pas d’arnaque.
Juste 200 hello et 50 what is your country par jour.
Les gens ne sont pourtant pas méchants pour un sou, et si ce ne sont quelques enfants – pas du tout insistants – réclamant des school pen – personne ne semble trop intéressé.
On nous aurait menti ?
Dommage qu’on se soit autant mis sur la défensive car on sent qu’on n’arrive pas à profiter un maximum de la gentillesse des gens… arggghhhh… c’est difficile l’Inde !
Alors que Marion faisait son croquis, un habitant nous propose de visiter sa maison. Puis, quelques instants plus tard, par la fenêtre d’une des plus belles haveli transformée en un luxueux hôtel, M. Ayub nous invite à entrer et à la rejoindre. Sa famille est renommée dans le coin pour être peintre-décorateur de mobiliers, plafonds et murs, et miroirs…
Il nous montre son travail, nous offre l’un de ses croquis, nous fait la visite. Voilà, ça lui fait plaisir. C’est simple et spontané. Gratuit et sincère.
….pffff… et nous qui nous attendions à nous faire arnaquer à tous les coins de rue… personne – si ce ne sont quelques rickshaw – n’a essayé de nous vendre quoique ce soit…
On finit notre journée au Fort, qui ferme dans 20 min. La visite se fait un peu au pas de course, mais on est contents d’y être passés rapidement, parce que le lendemain, on prend le train pour relier Bikaner à Jaisalmer, et s’enfoncer bien plus loin au cœur du désert.
La voie ferrée est quasi rectiligne. On a beau partir à 7:00 du matin, l’air qui se déverse dans le wagon par les fenêtres est poussiéreux, chaud et sec. Assis confortablement en general, le paysage défile. Un peu de végétation, pas beaucoup d’arbres, quelques brebis assoiffées, des éoliennes et panneaux solaires et puis rien. Dans les mini gares intermédiaires (parfois posées au milieu de nulle part au bout d’une piste), il n’y a pas d’eau… et on arrive à Jaisalmer, sous une chaleur accablante à 13h, secs comme des pruneaux. On se rend compte qu’on arrive à débrancher notre cerveau dans les moments comme ça. On ne lit pas, on n’écoute pas de musique, on regarde dehors ou on ne fait rien. Et ça peut durer 3 ou 4h comme ça (surtout Marion). Comme pour oublier qu’on n’a pas d’eau (enfin, un fond d’eau à 45°C chaude comme du thé !), pour oublier qu’on a chaud, pour oublier qu’on est recouvert d’une fine couche de sable, pour oublier…
Jaisalmer, c’est un château de sable, vieux de plusieurs siècles, posé au milieu du désert.Nous retrouvons Stella – rencontrée à Amritsar – qui nous avait conseillé un hôte CS chez qui elle avait passé un mois.
Et on comprend, nous sommes chaleureusement accueilli par Meera, son pote Pepsi et Mukesh son « oncle » qui nous hébergera dans son super-hôtel-chambre-deluxe-jolie-propre-et-colorée. Super sympa ce Mukesh, très ouvert, très intéressant et très intéressé par plein de choses…
On essaye de se motiver pour se balader tôt, mais alors qu’il n’est que 8h30 (et donc bien trop tard !), il fait déjà trop chaud. Tant pis, on aura chaud.
Nous partons en direction du fort. Celui de Jaisalmer est en réalité une ville fortifiée. À l’intérieur des remparts, les ruelles sont colorées, calmes et pleines de charme. Les maisons sont ocres et peintes du bleu brahmane (la caste supérieure).
Les façades des haveli en grès sont sculptées. De la dentelle, du détail, de la finesse. C’est plein de petites surprises qu’on prend plaisir à observer. Les portes des maisons sont basses, les marches font offices de bancs, les toits sont terrasses. Et ainsi, tout le monde trouve son coin d’ombre pour papoter « entre voisins ».
Il n’y a personne (serait-ce ça alors la basse saison), les vendeurs des boutiques ont trop chauds…et pendant que Marion fait ses croquis, Brice papote avec l’un deux.
L’ambiance est plutôt sereine ici. Même si clairement, on sent que le tourisme doit bien être présent.
On remarque qu’ici, tout le monde est plus couvert. Il faut dire qu’on est dans le désert…
Ainsi, les femmes portent de longues jupes. Un voile est attaché à la taille et remonte pour leur cacher le visage. Ce n’est pas que pour se protéger du soleil, mais également pour se cacher des hommes. Elles sont très bijoutées, des orteils au bout du nez.
Les hommes, quant à eux, portent de longues tuniques et des pantalons amples. Un turban posé sur la tête, ça doit leur faire de l’ombre. Nous découvrons également une autre particularité du Rajasthan. Il s’agit de la moustache ! Toutes plus grandes et enroulées les unes que les autres, les papys tournicotent régulièrement la leur, leur donnant un air fier de Maharaja ! (il y a d’ailleurs, une fois par l’an, l’élection de Mister Desert, et de la plus belle moustache !)
Nous passons 3 jours à nous balader dans ces ruelles, figées dans le temps.
Le grès est omniprésent, donnant un aspect monochrome, lisse et doux au paysage. Nous profitons d’un chai avec Meer et Pepsi, de pastèques et melons à outrance, de discussions avec Mukesh, croisant quelques vaches aux coins des rues… Tranquillement…
Après ce mois dans le Punjab, rempli de rencontres, d’émotions et de réflexions, l’entrée au Rajasthan nous replace dans un circuit touristique.
Certes, c’est hyper beau, c’est riche et étonnant. On est contents de passer 3 fois de suite devant la haveli Pawaki, de contempler le fort si imposant et de s’y balader à plusieurs reprises.
Mais les échanges que l’on peut avoir avec les locaux commencent à se sentir moins sincères et « tout le monde » baragouine trois mots de français.
Et ça ne va pas aller en s’arrangeant…
Note 1 – On peut voir sur la plupart des façades des représentations de Ganesh (toujours accompagné d’une petite souris) ainsi qu’une date.
Elles indiquent à toute la ville un mariage récent dans la maisonnée.
Prem’s
Ah ah ah!
Il parle de quoi ce post?
Je rigole. Encore un beau post.
pfffff, deuse (genre « nice shoes » de clooney-dujardin pour nespresso…oui on a la culture qu’on peut !)
en somme le désert, c’est peuplé, en Inde
ces pays indines n’en finissent jamais e nous étonner
magnifique, « comme d’hab »
évouzétoulà
On a pas compris la référence nespresso… Date-t-elle de moins de 15 mois?
indines, c’est indiens quand le doigt dérape sur le clavier…
comprenne qui pourra…
Quelles belles photos! les voyages en train ont effectivement cet effet « hypnotique »..
Petite note: la souris accompagnant Ganesha s’appelle Mushika. C’est le véhicule du Dieu à tête d’éléphant (!). tous les dieux indiens voyagent à dos de quelque chose, et pour Ganesha, c’est à dos de souris… va comprendre.
Et Brice, tu vas te faire une moustache Indian Style du coup ?
oulala, on ressent pas la chaleur via les photos mais on voit bien que c’est SEC. Bon courage.
PS Marion : t’es superbe dans le train avec ta tunique rouge
PS Brice : t’es presque aussi laid que moi avec ta barbe :p
Une petite question. C’est quoi les cheminées dans le désert? (la photo au-dessus de la tunique rouge de marion)
Bises
Des fours à briques
J’aime bien mais il y a un sentiment bizarre dans ce post. D’un cote vous expliquez que vous ne vous êtes pas fait attaquer de toute part comme ça a pu être le cas précédemment, et de l’autre vous vous plaignez que c’est redevenu touristique. Je ne comprends pas ce que vous faite passer comme message (peut être aucun d’ailleurs). Ou alors vous nous dites pas tout, ou alors vous êtes un brin excessif de vous plaindre que les gens vous disent bonjour, vous demande d’où vous venez et parle 3 mots de Français et que vos échanges soient moins sincères que quand vous avez passé une semaine avec les 5-6 même personne. Bref, du moment que vous ne devenez pas les gros blaireaux qui sont partis trop longtemps et qui perdent leur capacité d’émerveillement et de bonheur simple tout va bien (si jamais ça devient le cas on n’hésitera pas à vous le dire bien entendu…).
J’ai un peu de retard, mais je me suis régalé avec ce post !
J’ai senti la chaleur à travers le texte et les photos des bâtiments sont incroyables !
Les photos son Magnifiques !!! J’adore celle du train au début du poste !