Est-ce que tous les Indonésiens sont comme ça ? Est-ce inné cette générosité ? Nous nous rendons compte que notre société occidentale a beaucoup perdu en la matière… et c’est bien dommage.
Ainsi, notre deuxième étape à Sumatra sera de nouveau remplie d’une chaleureuse hospitalité, de jolies rencontres, de bons moments « en famille », d’échange et de partage.
Après une longue journée en travel, une pause photo sur la ligne de l’équateur (17 mois pour passer « du nord au sud » !), nous arrivons à Koto Baru Mungka – hémisphère Sud, en début de soirée chez Jen et sa femme Nila.La particularité de cette région, c’est que nous sommes chez les Minang Kabau, une société matrilinéaire, la femme comme chef de lignée.
C’est donc aux hommes de quitter leur famille pour venir s’installer dans celle de la femme, entouré de toute la famille de cette dernière.
Et Nila a 6 sœurs, elles habitent donc toutes autour de la maison du papa, sur le même terrain, chacune avec leur famille respective. Nila étant la plus jeune, les générations sont toutes mélangées. La tante a le même âge que sa nièce, qui a le même âge que son cousin.
Ici, vivent donc 7 familles, avec enfants, petits et arrière petits-enfants qui gravitent autour d’un papy de 83 ans. Autant dire que ça fait du monde et nous aurons un peu de mal à reconstruire les liens de parenté et encore plus à se rappeler de tous les prénoms.
Mais nous sommes merveilleusement bien accueillis et sans rien demander, Jen et son entourage vont nous concocter un planning pour les prochains jours. Il y pas mal de choses à voir dans les environs, il n’est pas toujours dispo, mais ce n’est pas grave, il demande à son cousin, ou à celui de Nila, à son pote ou au pote du pote. Et quand il n’y a pas assez de scooter, on demande à quelqu’un sa voiture. Dans une société dans laquelle la communauté et la famille comptent tant, l’entraide est primordiale.
On se sent parfois un peu comme une balle, que chacun se lancerait, histoire de montrer qu’on se balade avec des buleh*, mais aussi pour nous montrer ce qu’il y a de mieux à voir dans la région. C’est donnant-donnant, alors nous profitons, et on réalise la chance que nous avons d’être invités à la fête du village (où se tiennent des épreuves rigolotes ou mâts de cocagne – dommage que l’on ait perdu cela aussi « chez nous »), à visiter la fabrique artisanale de tissus et broderie (et au kazou revoir les métiers à tisser) ou simplement aller se balader en auto à travers la campagne. Le village de Koto Baru Mungka est installé au milieu d’un paysage intensément paisible et dramatiquement magique.
Des rizières d’un vert flamboyant rayonnent même sous les nuages gris de fin de journée, les hauts palmiers aux troncs incurvés dessinent au sol une ombre ténue. Les bananiers aux larges feuilles protègent leur fleur, et partout, papayes, noix de coco, cacaotier et tapioca poussent quand ce ne sont d’infinis champs de riz. Au loin, de hautes montagnes karstiques se dressent, dissimulées sous la légère brume ambiante. Et au milieu de tout ça, nous, sur la selle d’un scooter, ou la tête à la portière d’une auto, à faire des photos ou saluer les habitants. On passe par la vallée d’Harrau encaissée dans un canyon, ou on crapahute en famille à travers la jungle et sur des terrains glissants et accidentés pour rejoindre une cascade « secrète » – pourtant bien fréquentée à notre arrivée.
Chaque jour que nous passons ici, nous nous émerveillons de ce décor. Il y règne une atmosphère sereine. Le camaïeu de vert est varié, passant du vert lime des jeunes pousses, au vert pomme et menthe des feuilles, tirant au vert sapin des palmiers. Nous nous baladons ici, jouissant de ce privilège coloré sans même se rendre compte du temps qui passe.
Au milieu des champs ou dans les villages, on retrouve les rumah gadang, de fabuleuses maisons dignes d’un conte pour enfant, un des symboles des Minang Kabau**.
Elles sont reconnaissables à leur toit, surmonté de plusieurs pointes pour les plus richement dotées. Ces flèches s’envolent vers le ciel, semblables à des cornes de buffles.
Souvent délabrées – très peu d’entre elles sont entretenues –, et construites en bois, elles sont assemblées sans clous. Les fenêtres semblent de travers, mais c’est juste pour épouser les courbes navales de la charpente, les façades sont sculptées et parfois peintes. Qu’elles sont belles !
Ces maisons sont repérables au loin mais souvent coincées derrière les vilaines bâtisses en béton que les nouvelles générations se sont empressées de construire et accompagnées d’inesthétiques mais omniprésentes paraboles.
Nos hôtes, nous voyant intéressés par les rumah gadang… se plient en quatre pour nous en faire découvrir d’autres, toujours plus belles les unes que les autres.
Nous arrivée dans la région colle parfaitement avec le planning local. Cette période de l’année (vacances scolaires pour Lebaran) est propice aux mariages, et c’est ainsi que nous allons réenfiler nos tenues traditionnelles offertes par Violetta et Pulsie, le temps d’une cérémonie Minang Kabau.
Nous sommes invités à participer à la première partie du mariage, dans la famille du marié : la femme vient chercher son futur mari pour ensuite l’emmener chez elle, dans sa famille.
Assise sur un trône, impassible, elle attend, sa tête ornée d’une lourde couronne, pendant que dans la salle les grands chefs de clans*** discutent cérémoniellement du départ de l’époux.
On est un peu gênés de manger « à ses pieds » et de ce traitement de faveur car pendant que nous nous délectons des mets qui nous sont offerts, Nila a dû rester dehors : il n’y a que des hommes dans cette pièce… plus Marion.
Et une fois le tout arrangé par les chefs des clans (et qu’ils ont même offert de la noix de gambier à chiquer au buleh), le couple part rejoindre le village de la mariée pour s’y installer, suivit d’un cortège de nourriture… Dommage, on aurait bien testé le petit gâteau aux granulés de chocolat !
Ainsi, tout au long de la journée, les invités défilent, soit chez elle, soit chez lui, pour les féliciter et surtout se servir au buffet. Les jeunes mariés restent quant à eux toute la journée postés sur leurs fauteuils de cérémonie. Pas marrant du tout comme moment.
Et bien évidemment, nous finissons ce mariage en photo, selfie et multiples combinaisons.
En nous installant au sein de cette grande famille, on réalise la difficulté que cela peut être pour le mari « immigré » d’y trouver ses repères. Et c’est vrai que pour Jen, notre hôte, la tâche n’est pas simple en étant entouré en permanence de la grande famille de Nila et de la tripoté de neveux et nièces dans les parages.
Parce que les maisons sont proches et les portes toujours ouvertes, parce que les réserves sont partagées ainsi que les moyens de locomotions. Finalement, tout le monde sait tout, sur tout le monde, tout le temps, entre et sort… et tant pis si la belle-sœur débarque en plein milieu du film…
Jen se limite donc au minimum de conversations avec sa belle-famille… ce qui donne parfois d’étranges situations.
Enfin, nous, on s’en moque car on se sent bien au milieu de tout ce monde. On les aime bien, et eux nous acceptent très bien aussi petit à petit. Et c’est très chouette de voir l’entente entre tous ces cousins. Mais la société Minang n’en demeure pas moins très machiste. Les femmes demeurant disposées aux tâches ménagères et au service des hommes. Dans cette famille, beaucoup d’entre elles ne travaillent pas (Nila s’occupent des cailles pour leur exploitation d’œufs****), et restent à la maison. Enfants, repas, ménages et petits soins.
Matrilinéaire mais pas matriarcale, et on est loin de l’égalité entre les sexes.
Pour se sortir de cette environnement très féminin (les hommes ne sont que « de passage » dans cette société) Jen nous propose un moment avec ses potes à lui, un bon moment bien viril entre mecs (+ Marion) pour une partie de chasse. Car, c’est là une autre particularité des Minang Kabau, ils sont surement les seuls musulmans au monde à posséder des chiens et à aller chasser le sanglier.
L’animal n’est qu’un simple outil, aucune affection pour le meilleur ami de l’homme.
Les bêtes sont promenées avec de gros gants de plastiques et aussitôt remises dans leur cage, on ne les laisse pas gambader, elles auront tout le loisir de courir deux fois par semaine à la chasse.
Avec la déforestation, les tigres, seuls prédateurs naturels des sangliers, se sont raréfiés leur laissant le champ libre pour ravager les rizières.
Dimanche matin, réveil matinal dans le brouillard. Nous embarquons avec Jen, trois de ses amis et leurs chiens pour aller traquer ces cochons sauvages qui détruisent les rizières les villages de la région.
Ces sorties compte parfois quelques 500 hommes, et un peu plus de chiens.
Le principe est celui des battues, des groupes de chasseurs traquent et entourent la bête, lançant leurs chiens à mesure qu’elle se rapproche d’eux.
Dans les faits, on attend.
On attend longtemps. On entend souvent les chiens qui aboient, qui courent dans la forêt, leurs maitres qui les rappellent quand leur chasse est infructueuse.
Oh, ça avait pourtant bien commencé puisqu’après quelques kilomètres à vadrouiller dans les rizières, nous trouvions à nous installer sous un arbre, on entend déjà les aboiements et les cris des autres chasseurs qui se rapprochent – et avec eux, on comprend qu’il en est de même du sanglier.
Et subitement, une grosse masse marron passe comme une flèche dans les buissons à moins de 5 mètres de nous, faisant fît des broussailles qui n’égratignent même pas son cuir épais. 150 kg de muscles lancés comme une bombe et gare à quiconque serait sur son chemin. Au préalable, Jen nous avait dit : « si tu vois que le porc te fonce dessus, cherche un endroit où te percher »… mais cette bête est si véloce qu’elle a disparu aussi vite qu’elle est apparue… suivi par une meute de chiens aux abois. Mais ceux-ci reviennent quelques dizaines de minutes plus tard, bredouilles.
Donc, le plus souvent, on attend.
Mais c’est surtout l’occasion pour Jen et ses amis de se retrouver entre mecs, rigoler, jaboter, passer leur journée au grand air, se faire un pique-nique le long d’une rivière et fumer cigarette sur cigarette (comme le font 99% des Indonésiens mâles âgés de plus de 15 ans).
On changera bien trois quatre fois de position… mais s’en suit toujours une longue attente. Même la pêche nous paraît moins monotone.
Mais à la fin de la journée, on entend non loin de nous un attroupement de chiens aboyant et grognant.
On court dans la forêt pour arriver quelques minutes seulement après l’agonie du sanglier.
Le corps d’un gros marcassin gît au sol entouré par vingt ou trente canidés, qui se disputent rageusement la dépouille. La curée est une scène d’une intense brutalité, mais ces bêtes que l’on caressait cinq minutes plus tôt, réapparaissent sous leur vraie nature de carnivore. Les crocs sortis, les grognements rauques, les museaux dans les viscères, ou les mâchoires fermement agrippées à un jarret. Il faut de la force à leur maître pour les séparer et empêcher que le carnage s’étende à d’autres chiens. Quand la carcasse est enfin libérée de ses bourreaux, il lui manque la mâchoire inférieure, une épaule et un jambon, et les boyaux sont étalés sur le sol.
Généralement, ce sont les Kabak, un peuple non musulmans qui débarrassent le cochon et vont le vendre à Pekanbaru ou Padang aux restaurants chinois. Mais celui-ci est dans un tel mauvais état, qu’il est choisi de le laisser en place, afin de nourrir les animaux de la forêt et les rares tigres.
On apprendra que finalement une grosse dizaine de cochons sauvages ont été occis cette journée.
Pas mal.
On rentre un peu fatigués. Même si la chasse est loin d’être notre truc, on n’est pas mécontents d’avoir pu vécu ce moment.
On aurait bien aimé finir avec deux ou trois côtelettes sur le barbec’.
On termine cette semaine chez les Minang Kabau, avec le plaisir d’avoir pu participer à autant d’évènements de leur quotidien, si ordinaires pour eux, et pourtant riches d’enseignement pour nous.
On réalise qu’on gagne beaucoup à vivre ainsi en immersion chez nos hôtes. La découverte d’un pays et le voyage qui en découle en deviennent d’autant plus intenses.
Ces parenthèses familiales et amicales nous apportent la fierté de pouvoir rencontrer et communiquer avec ces gens.On apprend tellement sur les coutumes, les façons de manger, de se laver, d’étudier et de vivre. On apprend à parler, sans l’anglais comme intermédiaire et on apprend à ne pas avoir peur de l’autre…
- Même Jen nous présentera à sa classe le lundi de la rentrée pour se faire mousser – un peu, et surtout faire de la pub pour ses cours particuliers d’anglais – beaucoup. Et ses élèves en ont terriblement besoin, à côté d’eux, même Jocelyne parle comme Shakespeare.
** Les Minang Kabau ont pour symbole les cornes d’un buffle dont ils affublent leurs bâtiments.
La légende raconte que lors d’un conflit entre Minang et Javanais, ces derniers, au lieu d’une vraie bataille, proposèrent un combat de buffle. Le fait étant que les buffles javanais étaient bien plus costauds que ceux de Sumatra, les Minang étaient condamnés à perdre.
C’était sans compter leur fameuse ingéniosité.
Au lieu d’un buffle, il choisir un très jeune bufflon qu’ils séparèrent de sa mère pendant quelques jours afin de l’affamer. Le jour du combat, ils fixèrent des lames acérées sur les petites et inoffensives cornes du bufflon.
Une fois dans l’arène et à la vue du buffle Javanais, le bufflon accouru, pensant pouvoir téter sa mère.
À grand coup de cornes il éventra le buffle javanais.
Futés ces Minang… bon, depuis ils se sont pas dit que l’eau chaude ou même un simple lavabo dans la salle de bain, ça serait malin.
*** Ces clans au sein des Minang Kabau permettent entre autres d’éloigner la consanguinité dans une communauté très grégaire et sédentaire. Ainsi, on empêche deux personnes d’un même clan, d’un même village à se marier ensemble. Et bien entendu, si la progéniture n’est constituée que de garçon… c’est la fin du clan.
**** Autre ingéniosité Minang Kabau, les fermes de poulets sont construites aux dessus de bassins de pisciculture ou des rizières inondées… ainsi, les fientes viennent directement nourrir les poissons ou apporter de l’engrais.
Tu as compris Brice? En rentrant tu t’installes à nancy chez François!!!!!
Rentrez c’était une blague
À part cela , pour une petite française, ce blog est un peu brutal
yeah, je uis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s, je suis prem’s
et paf !
mais en fait moi, je m’en fiche, prem’s ou deuze
bon maintenant je vais faire comme sergio ou starac, je vais lire le post
ad’taleur
bonnes bises
(…je suis prem’s, la la lère…)
Les selfie-stick a donc envahi la planète entière !!
Bonne continuation les giraudol !
Ouaaah, excellent post, où j’apprends des mots… Parce que « karstique », je l’emploie pas souvent.
Sinon ils ont quand même un point commun avec les occidentaux, le maquillage à la truelle fait des dégâts, pauvre mariée!
Bises
Ouahhhh.
Il est magnifique votre post!
J’ai envie d’y être moi aussi!
moi, c’est le rouge que j’aime bien
celui du sang du sanglier bouffé par les clébards,
p…c’est quand même ouf ça, mais c’est peut-être comme ça chez nous aussi, la chasse à courre
et surtout la wv rouge wehrmacht, alors ça, trop la classe
j’ai édité votre photo « en pied »
Brice fait assez fier de sa conquête
vous êtes trop beaux,
ma fille surtout…!
bises bises
Ok, très joli post, belles photos, belle saturations de vert, mais vous devez être un peu fatigues quand même parce que on a un peu de mal à lire entre les fautes d’orthographes (oui oui c’est le mec avec la pire orthographe au monde qui dit ça…).
Le Sanglier, en fait c’est juste les chiens qui le tuent c’est ça ?
Sinon si vous êtes nostalgique des mats de cocagne et autres jeux de villages (comment vous pouvez être nostalgique d’ailleurs alors que ça date au moins d’avant-guerre ?), vous avez qu’à aller chez les Scouts, ils font encore ca eux. Et puis ça rappellera des souvenir à Brice…
Vous nous manquez. Trop.
Toujours aussi incroyable !
Des bisous les amis
Bon ben avec des tenues de cérémonie comme les vôtres, va falloir réfléchir à une teuf pour les voir en vrai ! Pas vrai !
je vais en parler à Perrine et Vincent
Je reconnais une des photos 😉
Bisou
Et c’est clair que c’est mega enrichissant toute cette immersion ! Merci de nous faire découvrir tout cela