À l’arrivée à Mokokchung, on se renseigne directement pour rejoindre Mon, capitale d’un autre district plus au nord peuplé par les éthnies Konyak, d’autres Naga avec d’autres langues. Il y a seulement un sumo par jour, de 10 places, et il ne reste que 3 places pour demain, samedi… Et nous sommes 4.
Rhaaaaa
Mais ça n’est pas le pire. Le Nagaland est en très grande majorité chrétien, (et ça leur tient fort fort à cœur !), donc en bons pratiquants que les Naga sont, tout est fermé le dimanche.
On prendra le sumo lundi.
On part se chercher un hôtel, et après avoir grimpé 3 fois les collines de la ville, on arrive enfin à poser nos affaires.
Il est 17h, et il fait nuit noire. Les magasins et resto’ ont portes closes.
C’est l’anniversaire de Rachel aujourd’hui. Heureusement, l’hôtel fait restaurant, et on commande notre repas. Bon… c’est pas hyper festif, mais ça passe pas mal.
Mokokchung est coincé dans les montagnes, et la ville est posée sur les cimes. On passe donc notre temps à monter et descendre, et monter, et redescendre.
Mais ça n’est pas le pire. On y reste finalement bloqués 3 jours : car quand le lendemain on a voulu prendre nos billets pour le sumo du lundi matin, il ne restait également plus que 3 places… (haaaaa… à voyager à quatre on perd un peu plus de liberté, c’est sûr) Ok…bon, ben mardi alors !
3 jours hyper ramolo, dans une ville pas accueillante du tout (les gens y sont globalement cons), à ne jamais comprendre à quelle heure on peut manger, parce que c’est toujours ou trop tôt, ou trop tard…
Bref, on s’ennuie ici, et mardi matin, à 5h30, on est devant le sumo, impatients.
Il y a 150 km entre Mokochung et Mon, dont 60 km durant lesquels la route ressemble plutôt à une piste (18 km/h de moyenne – c’est tout de même la seule route qui relie ces deux grosses villes de l’état).
On traverse des montagnes complètement brûlées. Comme au Myanmar, on brûle tout pour planter quoi ? on ne sait pas trop…. En tous cas, plus de forêt.
On a tout de même l’impression de traverser l’Enfer, le Mordor… c’est tellement désolant…
Après 7h de voyage (oui oui, 7h pour 150km…), on arrive à Mon.
L’idée est de rejoindre le village de Tangyu, dont on nous a parlé à Mokochung. On galère à avoir des infos, le bus est en panne… Ah, mais vous savez quand il sera réparé ? demain ? Réponse : « maybe » – mais il est au garage depuis longtemps ? – oh au moins un mois… – donc demain, c’est pas sûr… ah…
Rachel et Xavier trouvent un taxi, qu’on finit par prendre, un peu à regret quand on se rend compte du village dans lequel on arrive…
Tangyu est un village isolé. Au bout de la route, il y a une autre route. Et au bout du bout de celle-ci, il faut encore aller au bout.
C’est ici qu’on doit retrouver Yupang, chez qui nous demanderions le gîte et le couvert. Il est forgeron et fabrique machettes et fusils. Cool !
Alors que nous cherchions sa maison, on tombe sur Alem, qui doit être la seule personne qui parle un peu anglais dans le village. Ça va nous simplifier la tâche, parce qu’ici, les gens semblent un peu déstabilisés de notre présence. Les enfants ont peur, certains pleurent…quand ils ne nous jettent pas des cailloux. Quant aux adultes, nombreux sont ceux qui soulèvent à peine la tête pour dire bonjour. Peur ou timidité, ça nous fait un drôle d’effet… aucune interaction, aucun retour.
Ça doit être la différence de culture, mais l’accueil ici ne nous réchauffe pas trop le cœur.
Yupang habite dans une relativement grande maison reliée au réseau électrique ce qui nous fait penser qu’il doit faire partie des « notables » du village (il semble être aussi le seul à avoir un moulin pour moudre le riz).
Comme dans tout le village, les maisons sont construites en bois, les murs recouverts d’un tressage de bambous, les toits sont soit en tôle, soit en empilement de feuilles.
Le sol, en terre battue, permet de garder les pièces fraîches. Pas de problème si de l’eau tombe… C’est directement absorbé.
Dans la grande pièce centrale, il y a en permanence un feu qui brûle. Un trou fait dans le sol, permet d’isoler les cendres. Les morceaux de bois, disposés en étoiles, brûlent. L’eau bouille, le thé s’infuse, le riz cuit.
Accrochée au-dessus du foyer, une étagère en bambou (encore !) permet de faire sécher de la viande, des petits poissons et d’autres trucs. Des balôts de patates douces et de maïs sont suspendus au plafond,. Tout y est noir de suie.
Ce soir, il n’y a pas d’électricité (comme les trois quarts du temps ici), l’appareil le plus élaboré de la maison est une lampe torche que l’on recharge dès qu’il y a du courant.
Tous assis au bord du feu, sur de petits tabourets tressés, on fait connaissance.
Dans la soirée, Yupang fabrique deux couteaux pour Xavier et Brice. Dans son mini atelier, assis au ras du sol, il bât l’acier, trempe la lame, sculpte le bois, cercle le tout, ponce et affûte.
C’est un travail de forgeron d’un autre temps, peut-être même que Cétautomatix travaillait de la même façon…
Au repas, le riz sent un peu la terre, les épices et le sel manquent. Pas de variété, on mange pour se nourrir, et comme au Kirghizistan la notion de goût est loin d’être une priorité. Un bon thé noir, bien bien noir… et à 20h, on est couchés.
C’est ici qu’on va passer les deux prochaines nuits, dans une pièce attenante, à même le sol, par terre. Bon, ça fait un peu mal au dos, et le matin, tout le monde est debout à 5h. Et pour aller aux toilettes, c’est 50m en contrebas sur le plancher en bambous, au-dessus des porcs (et on découvre que les porcs, ça mange de tout)…
Finalement, on se dit qu’on s’habitue à tout… !
On part se balader dans le village, dans le temps, découvrant la vie ici, à ce moment-là. Une vie tellement isolée. Les enfants sont seuls la journée, quand leur parents sont dans la forêt, les petits filles portent leurs petits frères/sœurs de quelques mois leur cadet sur le dos, ils portent des vêtements tous recousus de partout, le nez qui coule, les joues abîmées et les cheveux en broussailles. On passe un long après-midi à jouer avec eux, du ballon à la pile de cailloux.
On passe par l’école privée (aujourd’hui, c’est fête. C’est la distribution des nouveaux cahiers. En hindi et en anglais. Mais ici, on parle konyak… )
On tombe sur le chantier de construction de la nouvelle église, ainsi que la fabrication du mur en bambous d’une maison.
Enfin, on croise au passage à un des fameux « coupeurs de tête » qui ont fait la réputation du Nagaland.
Ces hommes sont tatoués sur le visage. Entièrement.
Historiquement, les villages devaient être tellement isolés, qu’il s’installait une relation ennemie avec les tribus voisines (Intolérance, quand tu nous tiens).
Ainsi, dans chaque village, à 15ans, les hommes devenaient des guerriers et étaient tatoués sur le visage. À chaque tête coupée, un trait tatoué était rajouté dans le cou du guerrier…
Mais ça, c’était avant la christianisation de la région par les Américains, au milieu du XIXe siècle. Mais avant que le Gouvernement Indien ne condamne cette pratique, il a fallu quelques années.
Aujourd’hui, il ne « reste » que quelques papys tatoués, mais ça reste impressionnant.
Et lui, il a coupé combien de tête ? 7… Ah oui… Mais il lui a coupé la tête pour le tuer ou il lui a coupé la tête après, comme trophée ? Les deux… !
Et puis ici, tout le monde se balade avec une machette à la main, pour aller couper du bambou dans la forêt. L’outil est le même, c‘est l’usage qui a juste changé.
Mais aujourd’hui, ces villageois n’ont toujours pas la télé, pas de radio… les gens ne voient jamais – ou rarement – de blancs… et on ne peut pas dire qu’ils soient curieux. Certains nous disent que c’est de la timidité. On ne le ressentira pas de cette façon… et nous ne nous sentirons pas très bien dans ce village très « sauvage ». Aucune sympathie de la part des gens et la plupart des enfants nous fuient.
On se sent, au bout du monde, et surtout dans une époque lointaine.
Un vrai voyage dans le temps : le Moyen Âge ne devait pas bien différent…
hé bé… pfiou ! impressionnant !
des bisous mes braves
It is great and really challenging.
vous nous montrerez le couteau façonné par le forgeron…?
c’est vrai que couper une tête au canif, c’est plus long qu’à la machette
mais bon, on s’habitue à tout, si c’est pas dans l’urgence…
bises bises
évouzétoulà
Difficile à dire si le coupeur de tête te regarde en s’imaginant te la couper comme au bon vieux temps ou s’il pose juste pour te faire plaisir !
Moi aussi je parle souvent Konyak. Ou de n’importe quel alcool en fait.
Soyez un peu indulgents quand même, l’homme blanc ne laisse pas que des bons souvenirs là où il passe…
Mais c’est bien, tout ça va dans mon sens. L’Inde c’est tout pourri, fuyez!
C’est bizarre effectivement qu’il n’y aie pas de curiosité des habitants : je pensais que c’était intrinsèque à l’homme. Si même les enfants vous fuient, c’est à se demander si ce peuple n’est pas « étrange ».
Pour l’électricité, vous n’êtes pas au bout de vos peines en Inde : même dans les zones développées, ils ont un fort déficit de production donc vous aurez régulièrement des coupures.
Du courage les amis, les lendemains n’es seront que plus radieux et plaisants.
Ils viennent d’où les petits poissons?
Il y a des rivières dans le coin?
Pour vous répondre à François et Toi, on est en effet surpris de voir que les villages (et les routes!) ne sont pas dans la vallée – comme il serait plus convenable – mais en hauteur, ou sur les crêtes. Étrange, il faut donc descendre pour aller chercher de l’eau et du poisson à la rivière.
Vos photos sont mortelles
Coooooool, ca fait plaisir!
Eh! Oh! tu te prend pour qui point?
Si vous aviez fait a pied les 150 kilometres, ca aurait ete moins long. Bon et on va pas plaindre ces flemard de gamins, ils ont qu’a bosser dans les champs avec leur parents…
Moi jsuis tout noir, ca veut dire jsuis trop dangeureux !!
Be clearful !!