Atithi Devo Bhavah

(Atithi Devo Bhavah = L’invité est un dieu)

Après plus d’un mois et demi en Inde, à traverser des régions aux cultures si différentes, ou chacun parle une autre langue, chacun vit avec ses traditions et ses coutumes, on découvre « enfin » une ville indienne. Enfin, une ville dans laquelle vit une majorité d’Hindis.

Guwahati ne fait que quelques 900.000 habitants (90 lacks on dirait ici) et demeure une petite ville de province (!), mais on commence à ressentir ce à quoi une ville indienne peut ressembler et on a un peu du mal à trouver nos repères.
Dans la rue:
– il y a des bus qui klaxonnent, des voitures qui klaxonnent, des motos qui klaxonnent et des vélos qui tentent de slalomer.
– il y a des vendeurs de fruits, de glaces, de fringues, de tout et de rien qui crient.
– il y a des rabatteurs pour les taxis, des rabatteurs pour les sumo, des rabatteurs pour les hôtels, et des rabatteurs pour les resto.
Et rapidement, on se retrouve plonger là-dedans, à tenter de comprendre ce qu’il se passe… et sous une chaleur accablante.
DSCF2296 DSCF2377Stitched Panorama DSCF2280 DSCF2321 DSCF2092 DSCF2089 Notre premier séjour à Guwahati sera un peu rapide. Même carrément écourté.
On trouve tout de même de petites ruelles plus calmes, avec de jolies maisons colorées.
DSCF2034 DSCF2033 DSCF2035 DSCF2037DSCF2094Les rives du Brahmapoutre sont propres (wouah !) et, accompagné d’un chai (et de la moitié du service de police de la ville qui nous offre le thé), on apprécie enfin le moment.
DSCF2038 DSCF2047 Stitched PanoramaOn finira la soirée avec Saurav, un copain indien rencontré à Itanagar. Whisky, bière et chips à l’hôtel (parce qu’ici, il n’y a pas de bars dans la rue… enfin c’est souvent des endroits un peu glauques, sombres et dans lesquels on ne sert pas de cacahouètes).
DSCF2098Dans notre mini-chambre, on papote, on se marre, et on picole !

Le rendez-vous est pris : après Shillong, on repassera par ici, pour passer quelques jours « en famille »…

Le lendemain, on part donc pour Shillong à 3h de route au sud dans l’état du Meghalaya.
Ici, il y a 3 ethnies principales, et toutes ont instauré une société matriarcale…en Inde !

Notre passage à Shillong est surtout l’occasion de revoir Setu, notre autre copain rencontré dans le bus lors de notre long retour d’Arunachal quelques jours plus tôt.
On passe ainsi 2 jours avec lui, à papoter et à bien se marrer. Bihari féministe engagé (incredible !), il est venu à Shillong faire une thèse sur les sociétés matriarcales du Meghalaya.
Il est très bavard et c’est tant mieux.
On déambule dans les ruelles de la ville, on goûte les spécialités locales, on fait rien. Ensemble.

DSCF2237 DSCF2245La ville juchée sur de douces collines boisées a une atmosphère sympa et un climat beaucoup plus doux qu’à Guwahati. Dans le centre-ville, les voitures sont interdites. Des ruelles piétonnes, des échoppes, des magasins, des pâtisseries, des fruits et des légumes… On se croirait presque en Europe dis donc ! DSCF2163 DSCF2174 Stitched Panorama DSCF2207 DSCF2204 DSCF2257 DSCF2201 DSCF2198 DSCF2182 DSCF2120 DSCF2157 DSCF2123Accompagnés de Setu, on se balade dans les quartiers résidentiels un dimanche matin, les communautés locales se mettent sur leur 31 pour aller à la messe. Et encore une fois, les minorités du Meghalaya ne ressemblent en rien aux Hindis.
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C’est la première fois depuis très longtemps qu’on se fait un vrai copain, un copain avec lequel on partage d’autres trucs que du voyage ou nos impressions sur le pays. Un vrai pote avec qui on échange nos opinions, sans aucun malaise, sans aucune retenue… Et la séparation sera d’autant plus difficile lorsqu’il nous faudra retourner à Guwahati.
DSCF2186Saurav sera là pour nous remonter le moral. En effet, il nous a invités pour quelques jours chez lui, et ses parents.
Loin du centre-ville bruyant où nous logions quelques jours plus tôt, et en retrait des grosses artères chaotiques, on découvre un quartier calme. Des villas luxueuses surveillées par des gardes et des baraques en bois et tôles de bidon se côtoient, mais le quartier est plutôt plaisant – par rapport à ce que l’on connait de l’Inde.
La maison plutôt moderne, notre chambre plutôt confort… Et surtout, surtout on est reçus « comme à la maison » par les parents de notre hôte.
DSCF2341 DSCF2351 DSCF2380Le petit dej’ est préparé par Aunty, le journal posé sur la table et les oiseaux qui cuicuitent.
Uncle
papote avec nous de notre programme de la journée, nous indique les bus, les stop… et finalement, nous accompagne même une partie du chemin. Au retour, c’est l’instant-thé, avec gâteau de semoule et thé au lait préparés par Aunty « tu n’en reprends pas ? c’est pas bon ? ».
Saurav travaille la journée (même si ses horaires sont extrêmement flexibles), et on se retrouve le soir : petite bière (et gros whisky) chez lui, à l’étage (ses parents sont au rez-de-chaussée), bonnes rigolades et longs bavardages !

On est chouchoutés, et franchement bien accueillis. C’est très agréable. On a même du mal à partir, alors on étend notre séjour d’un jour, puis de deux… mais nous décidons de ne pas nous imposer trop longtemps.
Nous passons notre dernière soirée à cuisiner pour la famille. Petit challenge, non pas qu’on ait perdu la main mais…
Au marché, on ne connait pas la moitié des légumes.
Au supermarché, on ne connait rien du tout (et puis il n’y a pas de supermarché… même à Guwahati)
Et il faut penser à quelque chose qui se mange avec les doigts, sans viande, avec des ingrédients « locaux », et qui se cuisinent avec des ustensiles disons différents… (pas de four, pas de popote comme on connait, il faut utiliser l’eau purifiée…)
Aparté : très étonnant le moment où Uncle traverse la cuisine avec un pot rempli d’encens qui enfume toute la pièce alors que nous sommes en train de couper les légumes. À cela s’ajoute la spirale anti-moustiques sous le plan de travail, la chaleur et l’odeur du bois de santal qui brûle…
C’est un peu déroutant !
Bref, le menu de ce soir sera franco-indien : ratatouille, rösti, et riz.
On profite aussi d’être dans une vraie ville pour renouveler une partie de notre garde-robe.
Nos pantalons ont 13 mois déjà et sont tous plus ou moins rapiécés. Marion remplacera ses vieux T-shirts usés par des kurta bariolées plus adaptées à la vie locale. Ça fait du bien de faire les magasins, limite on voudrait tout acheter.
DSCF2361 DSCF2369Il est temps de partir, émotions à la porte de l’auto, chaudes embrassades avec la famille.
Notre train de nuit pour Darjeeling** nous attend.
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  • En Inde, lorsqu’on s’adresse à une personne plus âgée, il est de coutume de l’appeler aunty ou uncle. Il n’y a rien de familial dans cette dénomination, puisqu’on peut dire uncle au marchand de thé/pâtisserie, ou aunty à la femme de ménage.
    Ça nous fait quand même drôle à chaque fois que nous l’utilisons !

** Grande première indienne : on a réussi à acheter nos premiers billets de train !
Explication : en Inde, il y a 5 types de classe, de la plus onéreuse à la moins chère : 1AC, 2AC, 3AC, sleeper, 2nd.
Et 2nd, c’est vraiment le pire du pire. C’est-à-dire qu’au comptoir, les guichetiers vendent des billets, peu importe le nombre de places restantes, tant qu’il y a du papier, les billets s’impriment.
Ce qui donne à l’arrivée (on ne l’a pas encore testé !), un gros capharnaüm, autrement dit, un joyeux bordel !
Pour toutes les autres classes, il faut réserver le plus longtemps à l’avance… mais aucun espoir d’avoir des billets une semaine avant le départ… ou sinon, en liste d’attente.

Comme c’est notre premier train en Inde, et de nuit qui plus est, on a pris du 3AC. Quel luxe !
On en reparlera quand nous arriverons à Darjeeling.

15 thoughts on “Atithi Devo Bhavah

  1. Tu sais que le sari te va très bien ,peut être difficile à porter à Paris. Dommage.
    Et pourquoi fallait il vous remonter le moral? Coup de blues? On vous manque? Ou l’idée de la fin du voyage?
    Bisous réconforts

  2. Comme tu fais le mec sérieux avec Bihari, c’est presque crédible.
    Vous avez besoin de réconfort parce que vous êtes en Inde, c’est évident. Ça ira mieux au prochain pays, tenez bon!
    Bises

  3. Marion, t’es magnifique avec les tuniques (sari ?) : ça te va super bien

    Un centre ville « piéton », ça doit faire du bien quand on bourlingue ; surtout quand on s’imagine des méga-villes indiennes très polluées

    Les pâtisseries à 10-15, ça représente quoi pour nous occidentaux ? Ils font ça avec de la farine de blé (ou de la semoule comme vous en parlez dans le post) ?

  4. certaines séparations nous inspirent à devenir plus proche ..
    vous devriez ne avez pas dit ces belles paroles pour un peu narcissique hahaha .. pour les autres considiration Marion est un grand dessinateur (et oui oui Brice a une grande habileté de communication ) . tout le meilleur . aimer!

  5. Ils sont super speed les gens là bas quand vous prenez les photos on les voit filer
    Vous êtes trop beaux en tous cas et vous avez l’air heureux, Brice tu garderas un poil de barbe
    car je crois que dans un cheveu ou un poil il est retranscrit tout ce que vous avez mangé durant votre voyage.
    Héhéhéhéhé

  6. J’ai eu un peu de temps ce matin pour moi (c’est si rare…) et j’ai eu le plaisir de lire de nouveau votre blog: quel plaisir !!!!!!
    Découvrez, profitez, voyagez !
    Une grosse bizzz à vous deux
    David

  7. Moi je vous attend a Bangkok, et vous vous etes en train de vous balader en Inde SNIF SNIF. Ca devient franchement insuportable de pas vous voir. C’est quand le detour par Londres pour voir les vrais potes?
    tres bien ce post sinon, en reghardant le T shirt de votre pote on comprend tout de suite pourquoi c;est votre pote (Brice tu pourrais tout a fait avoir le meme T shirt).

  8. les couleurs de tons « sari » (?!) sont magnifiques
    wouaou comme toujours ….je voyage grace à vous et merci de nous faire partager votre bourlingue 🙂

Ça vous inspire?