Et nous y voilà, 15 minutes dans un sorng-taa-ou plein à craquer, nous arrivons tous les trois à la frontière (la bourlingue + Thibaut rencontré l’avant-veille).
Premier checkpoint côté thaïlandais, lambda. Puis on traverse le pont de l’amitié, et déjà on peut sentir l’effervescence de la ville birmane de Myawaddy.
Second checkpoint, et c’est un tout autre accueil.
Un type on ne peut plus détendu, sans uniforme, portant son longyi – mais était-il vraiment douanier ?- nous accueille avec un grand sourire et nous aide à remplir la demi-feuille A4 imprimée au verso de vieilles photocopies de passeport (d’autres personnes donc) et découpée à la règle.
Une photo avec la webcam, et un tampon !
Welcome to Myanmar
On ne pouvait espérer un accueil plus chaleureux.
Puis il nous indique le meilleur endroit pour faire du change à un taux presque égal à celui du marché… sans embrouille rien… magique ! Nous voilà avec nos kyiat ((prononcé tchiat), dessin d’éléphants dessus !
Une des frontières les plus aisées à passer depuis notre sortie d’Europe.
Thibaut cherche une voiture pour Hpa-an, nous en cherchons une pour Mawlamyine, on se sépare. Négociation, tout le monde se bat pour nous avoir dans son auto, négociation dans le rire et la bonne humeur, et en quelques minutes, nous voilà partis.
Près de 6 heures s’annoncent pour couvrir les 190 km jusqu’à l’ancienne capitale de la Birmanie britannique… à 4 sur la banquette arrière d’une voiture aux suspensions hors d’âge.La route est alternée un jour sur deux et on comprend vite pourquoi. Elle zigzag dans la montagne, serpentant en épingle à cheveux (très très fermée l’épingle), tourne et tournicote.
L’étroite chaussée est défoncée, creusée, abimée, caillouteuse et poussiéreuse. Bref, la route sera longue, et on ne dépassera jamais les 50 à l’heure… ce qui n’est pas plus mal à la vue des précipices que nous surplombons.
Le long de la route, de nombreux camions ou voitures sont garés sur les bas-côtés, refroidissant leurs freins au jet d’eau dans un panache de vapeur…On fera la même chose.
On passe par 5 ou 6 check-points, et les soldats – toujours très décontractés – nous accueilleront avec de grands sourires, grands bonjour et regards sympas.
Avant de partir, notre chauffeur aura acheté des petites bouteilles de boissons vitaminées, et il ne manquera pas de régulièrement distribuer ces bouteilles à un mec en uniforme, un ou deux billets, …
Mais il n’hésitera pas non plus à tendre une bouteille d’eau fraiche aux travailleurs qui œuvrent pieds nus à refaire un bout de route, étalant le gravier à la pelle, portant des bidons de bitume puant à bout de bras et travaillant sous un soleil de plomb.
En chemin, on s’arrête dans un petit resto’ en bord de route. Premier repas birman. Cool, c’est tout à fait l’atmosphère qu’on adore. La patronne débonnaire nous accueille avec de grands sourires, et nous dévoile les couvercles d’une demi-douzaine de casseroles, des curry de porcs, de poissons, les boulettes… miam !On choisit chacun un curry, servi dans un petit bol, épaulé par une grande assiette de riz. Brice montre du doigt une petite salade de soja. tut tut tut, va t’assoir ! lui indique la tenancière.
En plus de nos curry, elle nous rapporte un plateau plein, avec du bouillon de légumes, de la salade de feuilles de thé/cacahouètes/oignon, de l’écrabouillé de crevettes/ail/herbes/riz, le soja vinaigré, des herbes et plantes fraiches, des concombres et petites aubergines crues … et bien sûr, la casserole de riz, au cas où on viendrait à en manquer !
C’est un festin, qu’on avale rapidement mais nous sommes heureux de cette immersion dans la cuisine birmane. Notre équipage mange vite, on doit reprendre la route…
Arrivés dans la vallée, la route redevient à double sens, on découvre une particularité intéressante de la conduite au Myanmar.
En effet, historiquement, la conduite se faisait sur la partie gauche de la chaussée avec donc des automobiles adaptées au volant à droite… puis la junte militaire, dans son effort de débritannisation du territoire, a décidé il y a quelques années de repasser la conduite du côté droit « normal ».
Traditionnellement – et comme au Kirghizistan – les véhicules continuent majoritairement à être importés du Japon… On découvre alors que lors des dépassements, le passager tient un rôle primordial puisque c’est à lui de décider quand on peut doubler.
Puis, enfin, on y est ! Mawlamyine.
On demande au chauffeur s’il connait un hôtel pas cher, et nous y accompagne.
Situé au bord du fleuve Salouen, l’auberge est bien placée. Par contre, pour 14$, on aura la chance de dormir dans une vieille maison coloniale, reconvertie en cages à poules.
Depuis la récente ouverture du pays, le tourisme croît exponentiellement. Les structures d’accueil manquent et surtout il faut une licence pour héberger les étrangers (on reste dans un pays autoritaire). Ce qui fait que la concurrence se fait rare et que les prix sont très élevés, notamment au regard des prestations offertes.
Isolation phonique proche de zéro, due aux parois en aggloméré de 5mi, et promiscuité maximale.
Mawlamyine (anciennement Moulmein, mais on a l’impression d’être en Alsace) était la capitale de la Birmanie sous l’empire britannique. On y trouve aujourd’hui de jolies vieilles maisons coloniales. Les peintures sont passées et fades, la végétation a pris le dessus, les toits remplacés par de la tôle, mais partout dans les rues de la ville, ces architectures rappellent sa grandeur définitivement passée. Cette nostalgie fait penser à Cuba, et le tumulte et les odeurs le long du port évoque Dakar.
On se balade dans les rues de la ville, accompagnés par le sourire bienveillant des gens que nous croisons et de leur mingalaba (bonjour en birman). Une jolie émotion nous gagne.
Cela nous réchauffe le cœur de voir des gens se réjouir de l’autre, différent…
Sur les hauteurs, bien installé au sommet d’une colline, un ensemble de stupa et temples brillent de leurs toits dorés. Et à partir de maintenant, tous les temples doivent se visiter déchaussé, mais déchaussetté aussi. On va vivre en tongs je crois…
Depuis là-haut, la vue est plutôt sympa.
La paisible ville en contrebas. Les barques et bateaux sur le large fleuve Than Lwin, dans les méandres duquel naissent de petites îles, semblent naviguer au ralenti.
Au petit port, les embarcations se remplissent de gros sacs, transbortés à l’épaule un par un, lentement. Et, à la nuit tombée, sur les coups des 18h, les échoppes ferment progressivement, les rues se vident, et l’obscurité s’installe dans une ville sans lumière. Quelques tables au marché de nuit, une bière dans un petit bar. À 22h, tout le monde est couché.
On passe deux jours ici, nous mettant en phase avec le rythme birman. On discute avec quelques voyageurs. Dans ce pays, malheureusement, il est bien difficile de sortir des sentiers battus et il s’avère essentiel d’aller glaner les informations les plus récentes aux voyageurs rencontrés ici et là.
Parmi eux, le hasard nous fera faire connaissance avec Virginie. Nous l’avions déjà « rencontrée » via son blog alors que nous étions à Mashaad en Iran 6 mois plus tôt.
Nous avions adoré son ton, et sa manière de découvrir, elle semble voyager un peu comme nous mais avec plus de bouteille puisque sur la route depuis 3 ans déjà.
Et puis Boris, en voyage depuis 2 ans. Un mec cool et intelligent, qui fait de la photo, et qu’on aimerait bien revoir aussi.
On goûte la street food, la Myanmar Beer (c’est son nom), et on a même droit à du pain de mie/beurre/confiture au petit dej’… La prochaine étape, ça sera le petit dej’ local : soupe de poisson !
Donc on profite en attendant.
On avait décidé de prendre un bateau pour remonter le fleuve jusqu’à Hpa-An, mais on se reveille dans la brume. On part en moto-taxi jusqu’au marché (chacun sur une mob’, bien posé avec notre sac-à-dos) pour prendre un bus, un vraiment vieux vieux bus pour la modique somme de 1000 kyiat soit 80 centimes pour 2h de route…
Note : Ah oui, et chose marrante : tout le monde porte des longiy. Noués différemment selon qu’ils sont portés par une femme ou un homme. Avec des motifs, des rayures, de la couleur, … Une jupe pour tous, que l’on monte à moto, que l’on travaille sur un échafaudage ou que l’on joue au foot dans la rue.
Note : Il n’y a pas de faciès birman, notre chauffeur depuis la frontière avait des airs des gros chinois, alors que son passager est totalement indien, notre patronne de resto’ affichait clairement ses convictions chrétiennes avec des portraits de Papa Francesco et des icônes du Christ et le long du port au détour de ruelles aux maisons délabrées, un vieux musulman à l’anglais parfait et à longue barbe nous fera visiter sa mosquée… et nous fera part brièvement de la discrimination portée aux minorités dans ce pays… on espère qu’on en apprendra plus.
L’intolérance dans ce monde traverse, tristement, mers et frontières.
Et le voyage en duo est reparti, mais dites moi cette allusion aux voyageurs de 2,3 ans c’est pour nous préparer?
On sait pas, mais en tout cas, ca inspire!
ça a l’air sympa (sauf la déchetterie à ciel ouvert qu’on voit à un moment à coté du fleuve) et on sent que vous retrouvez un territoire davantage « bourlingue spirit » malgré l’expansion du tourisme.
En parlant de monnaie, ça me fait penser que vous nous avez pas souvent montré les pièces et billets des pays que vous avez traversés : il ressemble à quoi l’éléphant sur le kyiat (il est pas rose sur les pièces 🙂 ?
PS : jolis sourires des habitants. Y’en a quand même un avec sa casquette, il a les dents toutes jaunes (limite rouges)
Les dents pourries… On en parlera…
Pour le ordures je pense que nous ne faisons plus trop gaffe, mais comme rien n’est actuellement organiser pour collecter les déchets… On se dit que ça va être fun quand, dans’s quelques années, des flots de touristes débarqueront.
Wouhaou, ça donne envie de venir !
Bises
Bah viens!
Trop bien, le retour hors des sentiers battus ça doit faire du bien.
Gilbert Montagné faisait la même réflexion que vous: le passager tient aussi un rôle primordial quand il conduit.
Ha ha ha…
T’es con!
…mais on est pas vraiment trop loin des sentiers battus… On est pas si balèzes que ça. Rien n’est bien compliqué, il faut juste s’en donner les moyens… Qui ne sont pas inaccessibles.
C’est beau, ça donne envie de venir faire un bout de chemin avec vous…
je regarde le blog en compagnie de Jules avant de l’envoyer au lit….profitez encore un peu a deux…
Si ça peut faire faire de beaux rêves…! 🙂
Super beau encore!
Your pictures are exquisite!
He he he… Nice to hear that!
Thanks a lot!