On part de Zhangye avec un bus à 7h du matin. Encore un réveil bien matinal. C’est un petit bus assis, normal, qui doit nous emmener jusqu’à Xining, afin que l’on puisse prendre un autre bus pour la ville de Tongren.
On quitte les paysages secs de l’Est du Gansu pour les paysages froids et montagneux du Qinghai en « pays tibétain ». Nous n’irons pas en région autonome du Tibet cette « fois-ci » : pas facile d’y voyager, trop cher pour les étrangers, trop surveillé aussi… et surtout trop tard dans l’année.
Alors que nous apercevions au loin des montagnes enneigées, on se dirige doucement vers celles-ci. Le bus commence à grimper, la route tourne et serpente entre les vallées, découvrant drapeaux, stupa colorés, et autres lieux de prières bouddhistes. On passe un premier col à 3735m. Dehors c’est tout blanc, et ce ne sont plus des chameaux que nous voyons, mais des yacks.
Tiens, c’est plus petit qu’une vache ! C’est une petite vache à poils longs ! Derrière nous, tout le monde prend des photos, et est émerveillé par ces paysages splendides… ce qui ne les empêche pas de jeter leur sacs plastiques, canettes et autres détritus par la fenêtre du bus… c’est beau pour eux, tant pis pour les autres ! Et puis, la route redescend, et on arrive, non pas 7h plus tard, mais 10h plus tard (éboulements, donc déviation par une autre route, on doit payer en plus) à Xining, capitale de région et grosse mégapole de 1,2 millions d’habitants. Trop tard pour continuer vers Tongren, on dormira ici ce soir.
On se renseigne à la gare routière pour notre bus du lendemain, mais on comprend que ce n’est pas dans cette gare que le bus part. On note le nom de la gare et puis on part chercher l’auberge de jeunesse.
On essaye de prendre un bus pour se rapprocher, mais alors qu’on a réussi à savoir quel bus prendre, le chauffeur nous dit que non, il n’y va pas. Et nous laisse sur le trottoir. On ira donc à pied à l’auberge. Elle est un peu loin.
En chemin, on passe devant l’office du tourisme (le tourism information center comme fièrement indiqué sur la devanture), alors on se dit qu’on pourrait toujours demander des infos pour les bus pour notre prochaine étape… on n’a pas trop d’espoir sur les compétences en anglais, mais au moins il y aura des infos… Que neni ! la fille ne parle bien évidemment pas un mot d’anglais, doit passer 3 coups de fils avant d’avoir le numéro de la gare… et quand elle l’a eu, elle nous écrit juste un numéro de bus… Où le prendre ? Impossible de savoir. À quelle heure partent les bus ? Elle n’a pas demandé… mais elle nous tend le papier avec le numéro de la gare pour que nous les rappelions… Elle a bien dû remarquer que depuis 5 minutes nous ne parlions pas chinois… Ahhhhh !
Donc, sans information et un peu énervés, on poursuit notre route vers l’auberge. Une auberge du guide et anglophone. On est doublement fâchés de devoir traverser la ville pour une auberge de qualité moyenne, juste parce qu’ils sont les seuls à parler anglais et à même de nous renseigner sur un horaire et une gare de bus! (qui s’avèrera être une troisième autre gare)… c’est comme ça.
On passe la fin de journée à se balader dans cette grosse ville, il n’y a pas grand-chose à voir. Mise à part, peut-être de grandes tours et un centre urbain pas si désagréable. On déambule. Le lendemain, on part donc pour Tongren, en pays tibétain. Quatre heures de bus dans les montagnes, on arrive en début d’après-midi dans une ville plutôt moche. Il fait gris aujourd’hui, et notre premier aperçu n’est pas le plus beau. Il s’avère que c’est souvent le cas des villes chinoises.
Note pour nous : ne pas se fier aux paysages péri-urbains. Alternative : fermer les yeux jusqu’à la gare.
Et puis finalement, on entre dans la ville, et on découvre le quartier tibétain. Tous ces gens à la peau tannée par le soleil, aux joues rouges et aux longs cheveux d’un noir de jais nous dévisagent, s’arrêtent et nous sourient. C’est écrit en tibétain, et il y a plein de moines en robes pourpres.
Dans la rue, on découvre aussi le « style » tibétain. Les gens portent de longs manteaux de laines sombres fermés par une ceinture en tissu de couleur. Ils ne mettent qu’un bras dans une manche, l’autre manche du manteau tombe nonchalamment sur le côté. Les femmes ont de longues nattes et de jolis bijoux.
Et quand on se retrouve dans un petit bui-bui pour manger des momo (raviolis à la viande de yack), les gens nous regardent sans décrocher les yeux. Juste observer. Sans gêne. Et nous, ça nous amuse.
On apprend trois mots en tibétain. C’est mieux que de parler chinois.
Une femme à qui l’on montre la photo qu’on a prise d’elle, gardera longtemps dans sa chaleureuse main serrée celle de Marion. Sans rien dire (sans rien pouvoir dire ?), et nous sommes gagnés par cette silencieuse émotion.Les gens parlent anglais aussi ! Enfin, en un après-midi, on croise trois tibétains qui nous parlerons en anglais… (incroyable en Chine d’autant plus dans une région si reculée) et les enfants qui continue de nous invectiver dans la rue à la sortie de l’école.
Dans la ville haute, la ville tibétaine.
Et dans la ville basse, les musulmans (de l’ethnie Hui présente historiquement dans la région).Les messages à l’entrée de la « vieille » ville réhabilitée (à la chinoise) souligne la merveilleuse symbiose entre les trois cultures (tibétaine, han et hui) au sein d’une même ville. Nous remarquons plutôt que ces trois communautés habitent chacune de son côté… mais bon…
Tongren possède un grand monastère (celui de Longwu), méandres de ruelles où vivent aujourd’hui quelques 500 moines. On découvre ici des temples colorés, d’énormes Bouddha dorés, des bougies en beurre de yack dont l’odeur envahie les temples, des offrandes (même des bouteilles de coca ou de jus d’orange), et des gens qui tournent. Qui tournent les moulins à prières, à l’extérieur des enceintes du monastère.
Qui tournent les moulins à prières, à l’intérieur des temples.
Qui tournent autour des temples.
Qui tournent à l’intérieur des temples, autour des Bouddha.
Qui tournent.Et tout le monde tourne : hommes et femmes, vieux et jeunes…
… les gens se prosternent aussi, soit en posant simplement leur tête contre des murs ou des tables d’offrandes, soit en s’allongeant plusieurs fois, patinant ainsi les porches des temples et le sol.
Petit passage au monastère de Wutun, dans le village voisin. On aura droit à un moine qui nous suivra partout pour nous montrer… les temples fermés dont il n’a pas la clé… Fâchés de dépenser des sous pour quelque chose qu’on ne voit pas, et difficile d’argumenter en tibétain ou mandarin. Mais les quelques salles visitées vaudront le détour. Wutun est renommé pour ses moines peintres de tanka, toiles qui ornent les murs des temples bouddhistes, et qui sont ici d’une précision et finesse incroyable… (Lhassa y passe commandes) et le moine nous dit ne pas avoir de problème d’yeux !
Le ciel se couvre et il commence à faire froid, on tend le pouce pour rentrer en stop.
Un ouvrier sur un petit triporteur s’arrête (ces machines bleues sont caractéristiques de la Chine rural ou prolétaire, motorisée d’un gros monocylindre lent et bruyant, elles crachotent des nuages de fumée noire à chaque tour et vibre de toute part et charrient toute sorte de biens, que cela soit d’énorme bottes de paille ou les lourdes charges des chantiers).
Nous sommes très contents de rentrer avec ce moyen de locomotion « du peuple ». Sur le trajet, tout le monde nous suit du regard et nous sourit, nous sommes une fois de plus l’attraction à notre insu… et nous arrivons frigorifiés à Tongren.
Ça nous plait beaucoup de passer par ces villes de la Chine reculée. On se sent loin et on s’y sent bien.
Note 1 : On ne badine pas avec le beurre (de yak) chez les Tibétains.
On tapote les mottes, on les fore pour en analyser la couleur, la qualité, l’odeur et le goût.
Note 2 : Brice a remplacé ses lunettes à Tongren. Dans un magasin bien fourni en monture, des lentilles ultra hyper mince, traitement anti-reflet, des commerçants sympas et tout… moins de 75€… et prête en 20 minutes. Le top.
First !
Des photos riches en couleurs !
Si vous buvez du lait de yak, assurez vous qu’il n’a pas tourné, lui aussi.
(troiz)
Quel blog intéressant et bien écrit, le partage des images et de vos ressentis fait que l’on a l’impression d’y être aussi, et de faire partie du voyage …
re ouahhhhhhh!
on pourrait penser que ça finirait par lasser, bin non, on est encore scotchés !
magnifique
et magnifique aussi, cette communion de mains…
bonnes bises
évouzétoulà
ça me rappelle pas mal ce que j’ai vu au Népal dans les temples (ou à Kathmandou). Par contre, je me souvenais des yaks comme de grosses vaches (ou alors je me méprends sur la taille de vaches en France)
« Tiens, c’est plus petit qu’une vache ! C’est une petite vache à poils longs ! »
Marrant, je me suis dit la même chose à la naissance de ma petite soeur.
Faudrait qu’ils pensent à enterrer leurs poteaux électriques, ça gâche un peu les photos quand même.
Bises
C’est marrant, voila 8 mois que vous etes en voyage, vous avez visite moult pays et cultures bien differente de la notre, et c’est quand meme le post qui transpire le plus le depaysement. Je plussois Eric le troll, de bien belles couleurs, je surkiffe le style manteau avec la manche qui se balade. Bien entendu je vous conseil vivement le visionnage de « Himalya l’enfance d’un chef ». C’est bon la viande de Yach? Et enfin si vous avez moyen de me ramener la toile avec le bonhomme aux gros yeux, j’achete. Bisous les amis
Comment ils ont fait les empreintes de pied dans le bois?
L’usage mon pote! Moultes pieds!
je pense que la marque de pieds vient de l estampage d un moine a chaud apres humidifcation du bois…l usage…pfff n importe quoi brice….Mr coste aurait honte de toi
C’est trop beau toutes ces couleurs !
Moi j’ai du mal avec toutes ces couleurs. Comme un vieux au boulot qui se met à Powerpoint: ça pique les yeux tellement c’est chargé.
Par contre les tenues ont du style en effet.
Holala trop beau les gravures je vais les faire en tatouage
gros bisous
Elo
sans mots pour ces couleurs extraordinaires !!!!!
je vous prendrais aussi dans mon triporteur ! c’est l’attraction même ici à St Maur :))