Après deux jours passés dans le village reculé de Tangyu, on décide de partir pour Longwa. C’est le dernier village au bout de LA route, à 20km, et à cheval sur la frontière Birmane.
Notre départ est assez mitigé. Yupang, que nous avions prévu de rétribuer pour le gîte et le couvert, nous présente une facture…qui est vraiment surévaluée. On est un peu perplexes et il en découlera une prise de bec au sein de notre groupe.
On se dit qu’on fera du stop : il n’y a pas de voitures, sumo ou bus qui partent de Tangyu pour Longwa, il nous faudrait sinon, revenir à Mon, et attendre le lendemain pour prendre un véhicule.
Donc non, nous, on se pose sur la route et on commence à marcher, doucement, tranquillement.
On croise deux sumo, archi pleins, et puis… plus rien !… si si, il y a bien eu ce camion qui nous embarque pour 5 km. C’est déjà ça.
Mais on est déposé en bas de la montagne et Longwa est situé en haut… On continue donc de marcher, marcher, marcher… grimper, grimper, grimper… Les gens croisés le long du chemin sont plus souriants, nous indiquent les raccourcis (raide raide !), et nous inviterons même à boire le thé quand le tonnerre viendra à gronder quelques minutes (dans son obscure hutte, on trouvera un amoncellement de crânes de lapins et de singes…)
C’est épuisés, après 15km harnachés de nos sacs à dos et 900m de dénivelé que nous arrivons enfin à Longwa.
Longwa est un charmant petit village (de Gaulois encore une fois…), posé sur les cimes, lui aussi. Dans la région, tous les villages sont toujours posés au faîte des montagnes, comme pour mieux observer la vallée… Pas d’automobile, les deux seuls sumo quotidiens servent à l’approvisionner.
Il semble que la seule activité soit d’aller couper du bois dans la forêt pour le rapporter à la ville dans de lourds paniers en osier qui se portent sur le dessus de la tête. Donc, ici aussi, de grandes maisons communes, murs en bambous et toits de feuilles d’arbres, sont construites sur les flancs de la montagne, mais le village est situé à cheval entre le Myanmar et l’Inde. Les habitants de Longwa ont la double citoyenneté. Ils sont Indiens et Birmans à la fois, et ont libre circulation dans les deux pays. Il existe une vraie frontière, physique, un peu plus loin, mais sur le haut de la colline, là, on se retrouve pile au milieu!
C’est vraiment un trait sur une carte cette frontière… On en a traversé plusieurs depuis le début de notre voyage, et le plus souvent à pieds. On réalise à chaque fois, que le changement se fait progressivement, que les gens, la plupart du temps sont les même d’un côté ou de l’autre… Mais là, à côté de ce poteau moitié indien, moitié birman posé sur le dessus de la montagne, accompagnés d’Along (le frère de notre hôte), moit’ moit’ lui aussi… la limite devient encore plus floue…voire invisible.
On fait la connaissance de Bagan, le seul indien Hindi de Longwa, il tient une petite gargote depuis deux ans. Quatorze ans qu’il est dans la région de Mon, loin de sa famille, entourés de gens ne parlant pas sa langue, quel courage. Il ne parle pas anglais, mais d’un dodelinement de tête nous indique où trouver le gîte.
Après avoir posé nos affaires dans une petite auberge, Brice et Xavier partent se balader (pour se dégourdir les jambes… !). Ils rencontrent la Reine du village (!!!) et les quelques locaux du conseil de la ville en train de fumer de l’opium.Pendant ce temps, Marion et Rachel, restées à l’auberge, attendent que l’eau-de-la-bouilloire-sur-le-feu-de-bois bouille, pour aller prendre une douche.
Le voyage apprend la patience, puisqu’entre temps, on vient de tuer un poulet devant nous, pour le repas de ce soir, et qu’on a besoin de l’eau chaude pour le déplumer…
Le soir, au coin du feu, de nombreuses personnes du village viennent tour à tour s’installer. Pour papoter, jouer aux cartes ou regarder la télé. C’est chouette ces moments de convivialité spontanée. La porte est grande ouverte, le feu crépite, et le thé est toujours prêt. Vient qui veut.
Notre repas est un festin, Pamsa qui tient cette maison d’hôtes est un vrai cordon bleu. Et tant mieux. Nos heures de grimpette nous ont épuisés. On doit reprendre des forces !
Along nous accompagne le lendemain au village de Wasa, à quelques km de Longwa. Il faut marcher pour y aller, et on a un peu du mal à se mettre en jambe.
Mais la balade dans la forêt est sympa.
Et à l’arrivée, on réalise qu’on vient de faire un voyage dans le temps. On est au Moyen-Âge. Ou plutôt, chez Astérix. Les maisons ressemblent à des huttes. Toutes en bambous et feuilles. Elles peuvent accueillir plusieurs familles, parfois une vingtaine de personnes y vivent. Les squelettes de têtes de buffles trônent sur les murs (mais aujourd’hui, il n’y a plus de buffles, ils ont tous été tués). Il n’y a ni électricité ni eau courante. On est en haut de la montagne. Tout en haut. Il n’y a pas de route qui arrive jusqu’ici. Juste un chemin dans la forêt.
Along nous apprend que l’Inde a reconnu l’existence de ce village il y a seulement une dizaine d’année. C’est dire son éloignement de tout… Et bien sûr, on ne parle pas exactement le même dialecte qu’à Longwa, 7km plus bas.
On y rencontre un papy tatoué headhunter. Il a beau être sourd comme un pot, il sera trop content de « parler » avec nous, et nous fera un magnifique accueil de son sourire.
On s’arrête un temps pour thé, on rencontre le Roi du village, et Along nous aide avec les traductions.
On a l’impression de se balader dans une photo sépia. Il n’y a pas de couleurs. Seulement le vert des feuilles des arbres. Tout est terre, beige, ocre, et bois. Les cochons se baladent en liberté. Poules et chiens aussi. Les habitants portent leurs lourds fardeaux sur la tête, parfois pieds nus.On est même gênés de nos vêtements en bon état (qui ont pourtant plus d’un an maintenant !). On est si loin…
De retour à Longwa, nous rencontrons tous les deux le papa d’Along, ancien membre des « coupeurs de têtes ». Il habite dans la maison d’Abraracourcix (si ce n’est l’ampoule blafarde suspendue au plafond) : les cloches, les coupe-coupe aux murs, la terre battue au sol, le feu d’un antre qui occupe le coin de la grande pièce vide rappellent les planches d’Uderzo. On papote avec lui, lui aussi nous accueille avec le sourire, buvant une tasse (en bambou) de thé noir infusé (dans un tube en bambou), de ses tatouages, d’avant et d’aujourd’hui, du tourisme et de pourquoi on est ici…
C’est une jolie escapade en pays Naga. On ne s’était jamais senti si isolés, si loin du monde civilisé…
Un retour en arrière. Une vie si simple, si primaire.
Tellement loin de tout, et loin de nous.
L’authenticité du petit village fait rêver et les tatouages sont impressionnants… C’est probablement ce qui est à retenir plutot que la facture 😉
Ça c’est pas chez les tours opérateurs !!!
sacré arsenal !
et au milieu, c’est bien un lance-pierre en plastique jaune ?? c’est pour les enfants ?
… Les lances pierres, c’est pour chasser les oiseaux, on les a pas vu à l’œuvre, mais tout comme les machettes, on est pas forcément rassurés quand on croise un type antipathique en possédant une!
et il y avait quoi à la télé, hier…?
c’est très impressionnant ce voyage dans le temps
et assez curieux, parce que, le plus souvent, les peuples primitifs se mettaient volontiers au bord de l’eau , c’est-à-dre « en bas »
parce que en haut dans la montagne, l’eau forcément…
c’est magnifique !
et c’était combien la note trop chère…pour comparer…
bises bises
évouzétoulà
Plus que ce qu’on voulait offrir en « compensation », trop cher pour le service en lui même et trop dans l’absolue.
Sympa cette escapade au milieu de nulle part avec des rencontres plus humaines
Ils font un peu peur vos coupeurs de tête
Vous êtes restés sages et n’avaient pas touché à l’opium ? Et vous avez payé finalement à l’auberge: j’ai pas compris l’histoire de la facture élevée ?
Les coupeurs de tête, les paysages sans trace de « civilisation » , l’isolement m’impressionne ne mais je me dis que vous avez la tête sur les épaules !!!
Hey mais c’est trop beau, c’est super mystique
Sympa cette petite escapade.
J’aime beaucoup le parapluie disposé comme un fusil 😉
Bises
Et au fait, la soirée opium avec la reine c’était comment?
Moi je me dis : Mais comment ils sont arrivé la ?
Comment se sont ils dit : tiens, on va aller là bas!
J’ai pas l’impression qu’il y ait du tourisme où vous êtes!
Qui vous a conseillé cet endroit?
Mais ne vous y méprenez pas, je trouve ca super!
Vous découvrez le vrai visage des régions que vous visitez!
Bravo!!!
De tres belles photos. Interessant de noter que meme dans l’endroit le plus isole du monde comme vous dites, l’un des symbole de la civilisation present est le fusil. Je trouve que ca en dit assez long. Je me faisait la meme remarque avec les pygmees qui peuvent vivre dans des conditions veritablement moyenageuse, mais qui peuvent aussi avoir des AK47 pour chasser l’elephant…