Déposés aux aurores à Lijiang, nous rejoignons la maison de notre hôte, Judy.
En fait, ce n’est pas sa maison, Judy est originaire du Hunan à plusieurs milliers de kilomètres à l’Est, mais elle est tombée amoureuse de cette ville et de son environnement (et on la comprend), et a alors décidé d’y ouvrir une auberge. Nous, on est « invités » en couchsurfing, parce que ça lui fait plaisir.
Elle habite un peu en dehors de la vieille ville, dans un quartier résidentiel aux petites maisons et allées fleuries. C’est la saison des sakura, les cerisiers sont en fleurs.
L’endroit est sympa. On se sent à la maison, et l’ambiance est paisible (bien que froide*, nous sommes à quelques 2500m d’altitude). Parfait pour échapper à l’invasion touristique du old Lijiang.
Parce que Lijiang est une ville multi-centenaire, son centre-ville est classé Unesco.
Ce qui veut dire qu’il faut s’affranchir d’un ticket d’entrée onéreux pour profiter des multiples boutiques de viande de yak séchée, de gâteaux à la rose (avec dégustation), de pantalons et vestes des ethnies locales, de tambours, de thés, et d’innombrables stand de « bouffe »… Toutes ces maisons à la peinture acrylique et au vernis des boiseries fraîchement posés, cela ne nous émeut guère… ou plutôt si, mais dans le mauvais sens.
Mais pourtant il doit bien y avoir quelques choses à voir dans cette vieille ville.
Qu’à cela ne tienne, la bourlingue est rusée et c’est naturellement, et en suivant les bons conseils de notre hôte, que nous ferons fi du billet d’entrée et passerons par la haut de la ville, profitant d’une vue exceptionnelle sur les toits en tuiles.
Il est assez difficile de faire abstraction de ce mercantilisme démesuré et tenter de discerner les murs sculptés du vieux Lijiang (vieux étant relatif, tout est un peu refait***), les jolis toits de tuiles grises, les façades peintes.
Mais en bifurquant dans les ruelles parallèles et plus éloignées des grosses artères commerçantes, nous profitons de plus de calme. Mais ne nous leurrons pas, 95% des bâtiments sont soit des hôtels, des restaurants, ou des boutiques de souvenirs… pour satisfaire les groupes bruyants de touristes qui, fraîchement débarqués de leur autobus, font claquer leurs osteenettes sur les pavés de la vieille ville.
La vraie vie de Lijiang, nous la rencontrerons finalement en bordure de la vieille ville, quand nous débouchons à l’improviste sur le marché.
Ou simplement dans les grandes avenues de la nouvelle ville. Comme à Jinghong, on aime bien ces villes chinoises, on voyage pour ça, pour voir comment les gens vivent, comment elles sont organisées – élégamment à Lijiang, ça nous plait, ça nous convient.
Ce tourisme de masse, c’est aussi la vraie Chine bien entendu… mais c’est un de ses travers que nous cherchons le plus souvent à fuir.
Sur les bons conseils de Judy, nous partons nous balader dans quelques villages aux alentours.
Shuhe dont les ruelles sont, elles aussi, transformées en allées commerçantes et dans une moindre mesure un « petit Lijiang ».
Alors nous coupons à travers champs (et derrière le camp d’entrainement de l’armée qui est justement en phase de tirs… euh… on va marcher plus vite là…) pour rejoindre le village de Baisha. Les façades des maisons sont un peu décrépies, on aperçoit les briques de terre et les maïs qui sèchent.
Et enfin, le village de Yuhu, à 20km, une vraie petite perle perchée sur les contreforts de la montagne du dragon de jade (yulongxueshan), encore préservée des autocars.
On s’y offre une belle balade loin de la ville.Le vent, les hauts sommets et les pâturages bien secs nous font réaliser qu’on est contents d’être à la montagne, au grand air.
Les maisons sont construites en grosse pierre, comme pour se protéger du vent froid. Les tuiles des toits sont maintenues par des cailloux.
Le tourisme n’est pas vraiment arrivé jusqu’ici, et tant mieux.
Les gens sont adorables, et si on leur fait comprendre que nous ne sommes pas intéressés par une balade à cheval, ils n’en sont pas moins accueillants.
Les ruelles sont à nous. On se sent bien dans ce cadre montagnard.
De retour chez Judy, nous faisons la connaissance des autres hôtes de l’auberge, et passons ainsi d’agréables soirées à jouer au mahjong, à la Nintendo Nes – Made in China, ou à boire un verre ou deux de whiskey rapporté du duty free par Chee Wui, un Chinois de Singapour avec qui nous partagerons les quelques prochains jours aux Gorges du Saut du Tigre (ainsi que de son pote Leo, un Chinois de Chine ayant vécu à Singapore).
Note – Alors que nous sommes allés manger un plat de nouilles dans un buibui avec Judi, la patronne nous a pris en photo. Wouah, deux laowai sympas dans mon resto !En repassant le soir, elle nous montre fièrement la photo. Elle l’a fait imprimer en deux exemplaires et plastifier! La classe !
‘* les chinois et les maisons non isolées : haaaaaa, une de nos grandes peines ici.
En fait, il existe un dicton qui dit que au nord du YangTze, on mange du blé, et au sud, du riz.
Et bien, on a la même délimitation géographique pour le chauffage. Au sud du fleuve, pas de chauffage collectif.
De plus, les maisons sont terriblement mal isolées (pas seulement à cause des fenêtres mal ajustées, ou au mauvais choix de matériaux, mais aussi parce que ces chinois du sud ne ferment pas la porte, la fenêtre, ils semblent ne pas avoir encore cette notion de confort… et vivent donc constamment chaudement habillés et dans le froid.
‘** Comme déjà répété plusieurs fois, le Yunnan regorge d’ethnies diverses. Lijiang, ce sont les Naxi qui sont majoritaires (dans leur minoritarisme). À titre d’anecdote, ils possèdent leur propre écriture semblable à des hiéroglyphes.
Amusant. On se demande tout de même combien de temps cela prend de traduire les Misérables en Naxi.
Cependant, de ces ethnies locales, il n’y en a plus beaucoup – si ce ne sont quelques mamies qui effectuent des danses folkloriques face aux objectifs des hordes de touristes.
Les ethnies locales se sont toutes faites poussées hors des murs pour laisser une plus grosse part du gâteau aux Han, l’ethnie majoritaire en Chine.
‘*** ça vous rappelle quelque chose ?
Nous avions déjà fait cet amer constat plus tôt à Zhenyuan, Fenghuang et le pourtant si joli petit village de Dehong et en avions noté le mécanisme destructeur en arrivant trop tard à TianLong et Yunfeng.
Ah les cerisiers en fleurs…..mais mieux votre selfie!
J’ai un sentiment de ville musée qui ne donne pas vraiment envie
Pour info, ce post est le 200ème!!!
Belle bougie !
on n’a pas l’impression, en voyant ces peuples simples, qui vivent « au naturel », qu’ils sont 1 500 000 000 en tout dans ce pays
ça donne le vertige
beau post, pour un 200° et même s’il ne l’était pas
bisoux
Je le connais le hiéroglyphe de droite sur la dernière photo ! il veut dire « poulet frit »
Ouais d’ailleurs c’est ecrit pareil en Thailand
De très très belles photos, du genre qu’on voudrait imprimer en A0 mode paysage. Mais je ne peux pas m’empêcher de remarquer qu’il y a 2 photos de Brice en train de prendre des photos, mais que les photos qu’il est en train de prendre ne sont pas dans ce post…
Pas assez belles, mon fils!
ah ah très drôle
Votre notion du tourisme de masse à Lijiang est toute relative : ça semble très calme par rapport à ce que j’ai pu voir dans le Shandong ou Nankin l’été dernier (ou pire à Pékin).
Les cerisiers en fleur sont magnifiques, j’en entends surtout parler du Japon mais je vois une fois de plus qu’on se limite à certains endroits quand d’autres sont tout aussi beaux.
Pour le majong, vous avez appris à jouer ? Il parait que c’est assez compliqué
On va faire une version non édulcoré du « tourisme de masse »… Car on ne montre bien évidemment pas tout…
Et je connais ce que tu connais… Lijiang c’est aussi ça… Et toutes ces villes parcs d’attractions.
Les cerisiers en fleurs… fleurissent dans le monde entier 🙂
Et bien le mah-jong, ça n’a pas été si complexe que ça. C’est un jeu de 7 familles, sauf qu’il y en a que 4!
(En fait, ça doit être comme les échecs, les règles sont toutes bêtes, mais c’est après que ça se gâte!)
l’appellation d’ « ostinette » pour ces brouettes semi-étanches est fortement exagérée
En cette triste journée, la bourlingue fait du bien…
Prenez soin de vous et continuez à nous émerveiller et à nous faire voyager loin des horeurs européennes
Salut la Bourlingue !
Vous, vous faites des balades dans un champ de tir Chinois 🙂 euh….comme dirait pitch : « Put the coconut down, now !! »
Et sinon, je croyais qu´il fallair savoir parler chinois pour jouer au majong… ou alors y´a une version disney pour les lowaï ?
Joyeux 200e ! Content de l’avoir vu, mardi j’étais 2 stations de métro derrière le feu d’artifice à Bruxelles. L’Europe c’est la zone, vous faites bien d’aller vous promener dans les champs de tir chinois, c’est plus sûr !
Bises
sur la photo , vous paraissez tellement grands !!! mais en fait ce sont elles qui sont toutes petites 🙂