Après notre passage à Bethléem, on avait bien envie d’approfondir le sujet et découvrir un peu plus la Cisjordanie.
On est donc allé faire un tour à Hébron, troisième ville d’un pays qui n’existe pas…
On pensait en avoir terminé avec les villes « coupées » en deux ; mais Hébron fait bien tristement et honteusement partie de ce club fermé.
Hébron est la seule ville (avec Jérusalem-Est) à posséder des colonies au cœur même de la ville… ce qui crée certaines tensions bien palpables !
La ville devrait normalement être entièrement administrée par les Palestiniens (zone A) ; mais les zones de la vieille ville, et toute la partie Est sont en fait sous contrôle israélien.
L’attraction principale à Hébron, c’est le Tombeau des Patriarches (Abraham et Sarah, Isaac et Rebecca, Jacob et Léa, et même Adam et Eve !) qui a la bonne idée d’être lieu saint à la fois des Juifs et des Musulmans.
Là encore, on sent que ça ne pouvait que mal tourner…
Le bâtiment (qui date d’Hérode) est séparé en deux, avec pour chacune des confessions un accès aux tombes par une petite fenêtre. Il y a même une cloison en plexiglass pour empêcher les uns et les autres de se jeter des objets dessus !
Depuis la seconde Intifada, Israël a décidé de fermer quasiment l’intégralité des rues de la vieille ville ainsi que la plupart des boutiques.
Dans les faits, la rue du marché a été condamnée (les accès murés, les échoppes vidées…) ; les Palestiniens venant de l’Ouest (du centre-ville) doivent passer par une unique ruelle, longeant désormais des colonies.
Des grillages et des filets sont tendus entre les maisons au-dessus de la rue. Ils sont recouverts d’immondices et de pierres jetés par les colons afin de décourager les Palestiniens qui voudrait se rendre de l’autre côté de la vieille ville et vers la mosquée d’Ibrahim (4ème lieu saint de l’Islam).
Cette ruelle débouche sur un checkpoint que tout le monde doit passer ; nous sommes seuls, mais le soldat en charge du checkpoint prend son temps pour débloquer le tourniquet. On attend, il nous voit, on attend, personne ne peut rien dire, on attend… nous avons tous les deux, déjà le désagréable sentiment que l’on se moque de nous… Que-ce que cela doit être quand les Palestiniens veulent passer…
En se baladant dans ces ruelles, on nous dit « welcome » 10 fois, avec de grands sourires. Il faut dire qu’on n’a pas croisé beaucoup de touristes… !
On rencontre Ayman, un jeune Palestinien, membre actif d’une association Hebron Peace Center. On passera 3h avec lui, à découvrir cette ville, aujourd’hui pleine de conflits…
Ce centre-ville fantôme, où la vie semble avoir disparue… Des barbelés, des postes de contrôle, des rues où les Palestiniens interdiction d’aller (mais les colons et nous si !!), des caméras, des militaires, …
Un dernier checkpoint nous permet de rejoindre la partie Est de la vieille ville. Normalement sous contrôle Israélien; cette zone est laissée à l’abandon. C’est là bas que se trouve le local de l’association d’Ayman.
On repasse ce checkpoint avec lui, on lui garde ses papiers pendant 5min…juste comme ça, alors qu’il passe par le même checkpoint au moins 3 fois par jour…Ils le connaissent…
…ça ressemble à une mauvaise blague…
Un métallier, dont la boutique se trouve derrière le checkpoint, doit faire passer ses plaques de tôle une par une, à travers les grilles du tourniquet… Les soldats ne lui ouvrent pas de porte pour lui faciliter la tâche… Et Ayman le voit, lui aussi, tous les jours faire ça…
Il nous accompagne plus tard pour visiter la mosquée, mais ne peut passer de l’autre côté pour nous accompagner voir la synagogue.
De nouveau un checkpoint : passeport, et « est-ce qu’on porte une arme », d’où on vient, notre confession religieuse…
Avant 1999, Juifs et Musulmans priaient au même endroit, dans ce même bâtiment, aujourd’hui coupé en deux par une cloison.
Depuis la partie synagogue, on aperçoit Ayman…
Alors certes, on est allé à Hébron, en bus arabe depuis Jérusalem (avec un papy sympa et son petit-fils).
On n’a pas pris le bus « des colons », et nous ne sommes pas vraiment allés nous promener du côté des colonies…
Notre regard est donc orienté.
Mais, l’humiliation et la dégradation que subissent les Palestiniens, ici, à Hébron, est pour nous, blessante à observer… Ils sont au cœur d’une bataille psychologique..
On aura montré 5 fois notre passeport et répondu à quelques questions à chaque passage. Mais ça n’a duré qu’une journée.
Eux, c’est tous les jours. Et autour de la Mosquée/Synagogue et dans la vieille ville, il n’y a pas moins de 22 checkpoints..
Quelle tristesse : on a déjà envie de nous révolter, alors on comprend qu’il y en ait qui pètent parfois les plombs.
On revient à Jérusalem, on est content d’être là. Et gêné de se sentir bien dans cette ville.
On a le cœur lourd, mal à l’aise comme au réveil d’un mauvais cauchemar.
Hébron ne semble pas réel, cette situation…
On n’est pas dans le même pays… C’est triste…
Et ça continue encore,et encore
Et c’est le début d’accord,d’accord…..
Shalom mon fils ! Je suis de retour à la maison.
Ouahhh!!
Le retour du fils prodige!!!
Bonne relation critique et visuelle
bisous
… triste …
Grave triste… les photos ressemblent à celles magnifiques de Jérusalem (pas la face verso) mais après le passage d’une bombe, d’un séisme ou alors à une autre époque : tout y est vide. Ca donne vraiment pas envie 🙁
vs comprenez que je sois pro palestinien depuis 71 et que je n’ai pas vu de peuple plus dézingué qu’en israel
je ne m’en suis jamais remis depuis
c’est cool dehors car les israéliens se construisent eux même leur prison
bonne sortie
Il faut tout de même rappeler que les colonies sont pas du tout soutenues par la très grande majorité de la population.
Reste que pour l’instant ce sont bien les palestiniens qui ne sont pas libres de leurs mouvements.
Ca laisse un peu speechless. J’aimerai en connaitre plus sur la geopitique en vous lisant, et surtout entendre la version d’un colon. Je doute de pouvoir etre du meme avis, mais c’est toujours bon d’avoir les deux facettes. J’espere que la suite du voyage vous reservera de plus belle surprises.