Au bout du quatrième jour ici, on décide de se balader dans Mea Shearim, le quartier des Juifs ultra-orthodoxes de Jérusalem (on les appelle les haredim).
On découvre des maisons aux balcons recouverts de tôles, de planches de bois. Tout semble fait pour se cacher (ou se barricader peut-être). C’est une sorte de ghetto. On a l’impression que le temps s’est arrêté il y a 100 ans.
Les hommes portent de grands manteaux noirs (bekeshes), chaussures et pantalons courts, noirs aussi. Le grand chapeau noir (quand ça n’est pas le schtreimel, large chapeau cylindrique recouvert de fourrure), les payos encadrant le visage et crâne rasé sur le dessus.
Dommage qu’ils n’aient pas tentés la nouvelle collection printemps-été 2014…!
Les femmes, se doivent aussi d’être rasées mais portent des perruques dans la rue, on ne comprend toujours pas la logique. Elles poussent leurs poussettes entourées de 3, 4, 5 enfants (voire plus!)… rasés et payos pour les garçons, jupes longues-collants pour les filles…
On voit des affiches stipulant que les femmes doivent descendre du trottoir quand elles croisent un homme, qu’elles doivent s’habiller modestement sous peine d’être punies, ou ne pas parler en présence d’un homme…
Les hommes ne travaillent pas : il étudie la Torah, et les petits garçons sortent du système scolaire dès 13 ans pour l’étudier également.
Avec un très fort taux de natalité, les Haredim déstabilisent la démographie d’Israël et coûtent cher à l’état.
Le gouvernement essaye d’enrayer cette excès d’intégrisme, de discrimination (séparation dans les bus ; les « ultra » refusent de faire leur service militaire pour ne pas être sous les ordres de femmes…etc…)… les Haredim sont anti sionistes et très peu appréciés par la population israélienne.
Ça donne une triste image de la religion ; et finalement, ces petits bonshommes en noir qu’on voyait se dandiner devant le Mur des Lamentations nous font moins sourire…
Et après avoir passé un peu de temps ici, on voit aussi que cette cohabitation reste fragile et ça se ressent en se baladant dans les ruelles de la vieille ville. La police reste très présente, et lourdement armée, on entend le ton qui monte de temps en temps…
Les israéliens, à 18 ans, partent tous en service militaire : 2 ans pour les filles, 3 pour les garçons, au moins… Un âge tout à fait adéquat pour enseigner la peur de l’autre.
On croise donc très souvent de jeunes en kaki, avec un fusil en bandoulière; avoir un pistolet à la ceinture n’est pas rare. Au début ça surprend, ça choque même… puis comme tout le reste : on s’habitue.
Sur le mont du Temple, un groupe de Juifs est venu visiter le site. Il est entouré de militaires, et des échauffourées éclatent avec un groupe de Musulmans. On pensait pourtant que ces Juifs devaient être suffisamment ouverts pour venir ici, puisque la Torah interdit formellement aux Juifs de monter sur le mont, de peur de fouler le Saint des Saints.
Les Musulmans n’ont pas libre accès au Mont du Temple ce qui fait que le ton monte parfois avec les forces de police israélienne qui en gardent l’accès.
Ainsi pour maintenir le statu quo et éviter tout débordement; seuls les Musulmans ont accès au Dôme du Rocher et à la mosquée Al Aqsa; dommage pour nous.
Les Juifs se rendant au Mur des Lamentations doivent traverser le quartier musulman, créant parfois des tensions avec les ultra-orthodoxes (les men in black). Un regard, des gestes, quelques mots…
Et quand finalement, même au sein du christianisme, on voit que les différents courants ne savent pas s’entendre (exemple de la clé du Saint Sépulcre, gérée par une famille musulmane), on se dit que c’est pas gagné.
…Autre petite anecdote arrivée à Brice au pied du Mur des Lamentations : à deux reprises, il s’est permis de lancé un poli « Shalom » à certains regards insistants. Les hommes viennent alors lui demander s’il est Juif, il répond que non… et les hommes partent sans rien dire.
A errer dans les rues, à observer ces embriquements, cette cohabitation,… on comprend qu’une minorité rend les choses compliquée, que tout est trop compliqué, et qu’ils n’arriveront sûrement jamais à s’entendre…
Et dire qu’Israël avait été fondé par des laïcs… !
Ce post est beaucoup moins léger que les précédents, mais ça reste aussi une réalité ici, et pas besoin de gratter pour la voir…!
Moins léger oui ,mais très bien vu
Pays de paradoxe où le multipeuplement aurait pu faire exemple. C’était compté sans les hommes!
Oui… verso moins léger que le recto (même les chapeaux ne semblent pas légers > une idée de ce que cela peut apporter ? Autant, un sombrero, je comprends, mais là, en forme d’abat jour chelou… !)
Mais bon, c’est bien une réalité… complexe… avec des tenants et aboutissants politico-religieux qui nous dépassent…
En tout cas, il fallait le faire, j’aimerai beaucoup y aller aussi !
Des bisous
le nom du post est très bien trouvé : verso. Ou l’autre face. Ca donne moins envie mais c’est la triste réalité. Content que vous n’ayez pas eu de problème et que vous preniez la situation avec tant de recul
Oui mais ça me donne quand même envie d’y aller rien que pour comprendre:)
dans leurs têtes ils sont arrêtés il y a 2000 ans… dans un pays en guerre permanente dans leur propre rue
c’est cool dans les PO
nice photos!!
Merci pour ce voyage dans le temps, dans LA religion, ainsi q dans ce beau pays…
On se rend compte qu’il est impossible d’apprehender ces choses là sans les vivre.
Je vais dc arreter bfm et prendre un plane ticket 🙂