Il n’y a que le long pont SuraMadu qui sépare la grosse île de Madura du « continent » – lire Java.
Pourtant, une fois franchi, c’est un tout autre monde dans lequel on débarque.
Loin du rythme effréné de la chaotique Surabaya de béton, Madura est une lande rurale, plate et sèche.
L’herbe est brunie par l’accablante chaleur, les rares cultures sont celles d’épars palmiers, et les salines doivent faire efficacement recette sous un soleil de plomb et sur ses côtes battues par un vent puissant.
Pas ou peu de forêt, une végétation basse de rares arbustes desséchés.
Cela rappelle le Sud de la France : parfois le Roussillon, parfois les régions arides de Provence.
Une ambiance méditerranéenne, avec des villes aux rues désertées et aux échoppes fermées à l’heure de la sieste, et que notre bus semble à peine déranger en les traversant.
Un bout de terre faiblement peuplé au bout du bout de la région d’Est Java pourtant si dense. On louera la pétaradante mobylette d’un employé de l’hôtel pour aller explorer la côte Nord. Une longue frange de sable blanc devant un front de mer désolé, ponctué de rares maisons.
La route plus qu’accidentée serpente dans des paysages hostiles, parmi les arbres courbés par les vents, les carrières de pierres (que l’on prendra initialement pour des ruines délaissées avant de tomber sur une « merveille de la nature » façonnée par l’Homme), de la garrigue sur une terre noire basaltique.
Esthétique palette de couleurs. Un ciel bleu et clair aux gros nuages cotonneux qui le traversent à vive allure. Le noir de la pierre volcanique, le brun de l’herbe assoiffée, les arbres effeuillés et sous l’horizon, le vert émeraude de la mer de Java. La nature a du goût.
Un autre monde dans cette Indonésie aux si multiples visages.
Les orang madura ont une culture bien distincte, dont celle des courses de taureaux.
Nous nous arrêtons au stade. C’est jour d’entrainement.
Les bêtes, à l’apparence pataude, attendent derrière un muret en béton. Face à elles, un terrain tout en long de quelques centaines de mètres. L’herbe foulée en deux sillons de terre séchée de cette aire de jeu trahit l’activité intense du lieu.
Coiffées de couronnes et grelots, ces bovins tout en muscles sont brossés, nettoyés, entrainés, chouchoutés.
Attelés par paire, et maintenus par une demi-douzaine d’hommes, on les place en ligne.
Alors, le cavalier (ici, un jeune casse-cou d’une quinzaine d’années) grimpe sur une frêle structure en bambou. Dans sa main, il agrippe fermement chacune des queues et tient un bâton clouté qui lui sert à piquer le séant de ses montures. Alors que nous étions à proximité de l’attelage en préparation, dans l’attente d’un départ imminent, un déferlement de cris et d’encouragement se fait soudainement entendre quand les bêtes sont lâchées.
Pas le temps de comprendre, pas le temps de noter d’accélération.
Il n’y a pas de « mise en route ». L’attelage décolle comme un boulet de canon dans un tonitruant départ. Les taureaux semblent voler au-dessus du sol. Les grelots tintent, les fouets claquent et aussi vite qu’il est parti, l’équipage arrive déjà en bout de piste, pour disparaitre au premier virage, ne laissant derrière lui qu’un épais nuage de poussière… et deux bule abasourdis par tant de force.
Qui aurait cru que ces animaux si placides pouvaient être si vifs et courir si vite ?
C’est donc ça une course de bœufs. Nous sommes dorénavant avertis. Les prochains départs se feront sous notre regard concentré suscitant l’amusement des entraineurs et spectateurs.
Les plus jeunes montent des veaux – dont la célérité n’en demeure pas moins impressionnante – tandis que les plus courageux domptent la puissante traction des grands et gros bœufs.
Nous avons été charmés par cet aperçu de l’île de Madura et de sa culture, malgré un séjour trop bref. La discrétion des locaux et leur gentillesse nous ont reposés.
Mais nous devons rejoindre l’extrémité orientale de Java à bord d’un bateau matinal, sur une mer calme.
Les côtes arides sont déjà loin derrière nous, quand les masses sombres des volcans javanais se distinguent progressivement à l’horizon. Dans quelques heures nous mettrons pied à terre. Après plusieurs mois loin d’Europe, nous avons rendez-vous avec les copains.
petits joueurs…! on n’est vraiment pas dans la même cour…
quelle belle architecture laissée par les carriers
et les courses de vaches, ah les vaches, allez les vaches…
faisez gaffe
eh, vous deux en photo, il me vient une idée
c’est un selfie, non…? et vous aviez une canne…?
bises bises
Un selfie qui respire le bonheur et pour nous faire coucou , là ça se justifie!!!
Une belle petite parenthèse !
A mon avis pas de canne pour le selfie sinon on verrait leurs tronches de cake en entier.
Bises
Désolés Brice, avec un jour de retard nous te souhaitons un BON ANNIVERSAIRE. Continuez à nous faire voyager (sans fatigue !!!) car nous sommes toujours heureux de vous suivre.
Bisous à vous deux
Il y a du Colette dans votre prose je trouve. Sinon la technique du gars de sauter pour faire décoller la structure est pas mal, mais quand même il faudra leur dire qu’avec des roues ça marcherait bien aussi.
Est-ce que vous avez tenu un compte de tous les moyens de transport que vous avez pris ? Genre 73 trains, 49 bus ou équivalent, 15 bateaux, 8 avions etc.
C’est beau les copains.
Vous me manquez…
Continuez, c’est toujours aussi magnifique
dis donc j’imaginais pas des coins aussi arides que ça en Indonésie. La carrière est vraiment marrante : une sorte de légo géant 🙂
Les taureaux, j’attendais un gros machin noir comme on en voit en Camargue ou en Espagne : et là, non des bœufs à la belle robe marron qui tout comme l’Indonésien est sec et vif
@ Brice : t’as perdu le sert tête que tu avais sur le précédent post ?