Sari, vaches et pâtisseries

Le weekend approche, on ne se sent pas trop mal à Longwa… mais dans le Nagaland il n’y a AUCUN transport le dimanche, niet, jour du seigneur oblige.
On s’est déjà fait méchamment avoir à Mokokchung la semaine précédente, alors vivre la même situation à Longwa ne nous enchante pas trop.
On se dit que ça sera « un peu » plus fun à Mon, la capitale de district, et dès lundi on pourra descendre dans la vallée pour rejoindre la région de l’Arunachal Pradesh.

On se prépare, on dit au revoir à tout le monde, les gens nous saluent sur le chemin, l’accueil était meilleur qu’à Tangyu… mais les Konyak (habitants de cette partie du Nagaland) n’en demeurent pas moins farouches.IMG_7897En arrivant à Mon après 2h de route, on réalise qu’on peut encore sauter dans un nouveau sumo pour rejoindre la vallée (creusée par le Brahmapoutre dans la région de l’Assam) – un sumo dans un bien triste état… mais bon, on ferme les yeux la dessus, sinon on ne se déplacerait plus depuis qu’on a quitté la Turquie.

Voyage long et éprouvant sur des routes de montagne défoncées pour rejoindre Sonari – enfin… presque puisque les 15km restant se feront à bord d’un autorickshaw, archi serrés …

Puis, de Sonari, on rejoint Sivasagar à bord d’un Tata Ace* (un gros rickshaw à 4 roues, un moteur de vespa et 20 personnes) avec nos gros sacs maladroitement arrimées sur le toit en tôle – enfin, non pas à bord d’un, mais deux Tata Ace… puisque les 15km restant se feront à bord d’un second!

En route, on croise les rails du chemin de fer. Et c’est comme si ces deux rails, bien droits au milieu de la route, à l’espacement homogène, nous rattachait à la civilisation. La possibilité de voyager et communiquer entre les différentes villes du pays s’offre enfin à nous après ces quelques jours de galère logistique (mais de découvertes ethniques !) à travers les montagnes.
Il est 18h quand on arrive à Sivasagar. Mais quelle rupture, quel changement. Entre les états de Nagaland et d’Assam, on change réellement de pays. La transition est bien plus brutale qu’à la frontière Indo-Birmane dans le Manipur.

Assis dans notre véhicule, la végétation change, on passe des champs de bananes et aux flancs de montagnes tondues à de grands champs et d’élégantes plantations de thé.
L’urbanisation refait doucement surface. Les maisons en bois et bambous laissent place aux murs en béton, peints.
C’est aussi la réapparition de la vie, petites épiceries, boutiques, réparateurs en tout genre, pharmacie, … même après 18h00 ! Ça grouille de partout, la circulation est chaotique, du bruit, des vaches, des lumières… en somme : de l’animation.
Dans l’état d’Assam, il y a beaucoup plus d’Hindi, la religion majoritaire est l’hindouisme (et pas mal de musulmans)
Les femmes sont habillées en sari, point rouge sur le front. Il y a de la couleur partout. Même les vélos sont colorés.
Welcome to India !

On réalise doucement mais clairement que l’on arrive de loin, de très loin.
Les villages du Nagaland sont vraiment isolés, et pas seulement à notre échelle de petits occidentaux voyageurs : en arrivant à Sivasagar, on se sent de retour dans la « civilisation ».

La bonne nouvelle, c’est que tout y est ouvert, même tard le soir (et relativement le dimanche). Resto’, boutiques, marchés, … Tout ! Et après avoir déposé nos affaires dans une chambre de deux (mais on y dormira à 4 – c’est moins cher !), on peut, aisément, aller se restaurer.

On passe deux jours ici. DSCF8539 IMG_7923 DSCF8518 IMG_7911 DSCF8546On reprend des forces en dégustant de trop bonnes pâtisseries (apparemment du Rajastan), avec du sucre, de la pâte feuilletée, des fruits confits, de la poudre d’amande, du lait, du chocolat… et bien sûr, un thé au lait pour accompagner le tout** !IMG_7938Donc oui, on reprend des forces – lire : des kg.

Un après-midi, on part visiter le temple Hindi de la ville. DSCF8514 DSCF8526 Stitched Panorama DSCF8545On doit se déchausser beurk…j’ai marché pieds nus sur le sol, en Inde !! avec des fientes indiennes de pigeons indiens !, on se retrouve guidés par un « prêtre », qui commence tout un tas de prières pour nous, on doit boire un peu de l’eau qui traine là, et puis il dépose un peu d’une pâte beige sur le front, nous offre une fleur et une feuille de thé et… nous demande des sous !DSCF8523

Des femmes superbement habillées en sari hésitent, puis viennent nous demander si elles peuvent nous prendre en photo (on n’a dû entrapercevoir que 2 « blancs » depuis qu’on a quitté la Birmanie il y a 3 semaines), ça tombe bien, on voulait aussi « voler leur couleurs » !DSCF8555Dans la rue, les gens nous interpellent : vous venez d’où ? pourquoi vous êtes ici ? Salut de la main ou d’un hochement de tête et petit sourire : on se sent bien accueillis ici, les gens sont sympas. Même les restaurateurs ou notre pâtissier du matin nous prendra en photo, fiers de nous avoir dans son téléphone (Brice fera un autographe sur la main (!!) de son comparse !)

Et puis, assis dans le parc, Rajib (Assami soit, en gros, Hindi l’ethnie majoritaire) vient s’asseoir à côté de nous, on commence à papoter et on finira la fin de journée chez lui, avec sa maman, sa belle-sœur, la famille, les voisins… à boire le thé, petits biscuits et photos… dans toutes les combinaisons possibles Toi avec moi, mais sans lui, mais avec elle ! On nous offre même un petit foulard, avant de nous raccompagner à l’hôtel. DSCF8560 DSCF8566 DSCF8568C’était si spontané, si imprévu et éphémère. Tellement de couleurs et de photos, de dodelinements de tête et d’accueil ! Ça augure de bons moments en Assam.

Mais il nous faut continuer notre route, on a enfin reçu notre permis pour entrer dans le seul état d’Inde en nécessitant un, l’Arunachal Pradesh. La next frontier touristique en Inde, région située de l’autre côté du Brahmapoutre, et revendiquée par la Chine, possède une grande variété ethnique.
Notre bus pour Dibrugarh est bien vieux. C’est le retour des transports publics à plus de 10 personnes ! À vive allure (mais on ne voit pas la route, et c’est surement mieux), on roule en direction de Dibrugarh, traversant des plantations de thé à n’en plus finir.S0038587DSCF8599 DSCF8610 DSCF8612

On n’aura pas le temps de voir la ville, on est ici en transit, et après avoir passé l’après-midi à chercher des infos sur « comment prendre le ferry pour Pasighat***», on se réveille tous les 4 tôt le lendemain pour prendre le Sumo et rejoindre le port. Sumo, qui bien sûr, ne passera pas à 5h comme prévu, mais à 5h45… On aurait bien dormi plus longtemps !
Je crois qu’il va falloir qu’on s’habitue à l’Indien Stretchable Time.

On aurait bien voulu remonter toute la rivière jusqu’à Pasighat. 6~8 heures de croisière sur le Brahmapoutre, ça aurait eu la classe… mais il nous faut nous rendre à l’évidence : en pleine saison sèche, même le puissant fleuve asiatique n’est pas assez profond pour nous permettre cette entreprise.
Le port n’est lui-même qu’une grève temporaire aux contours changeants.
On grimpe à bord d’un esquif de bois, deux voitures et 4 motos, et il n’y a déjà plus de place.DSCF8614 DSCF8616 IMG_7941 DSCF8617 IMG_7948 DSCF8653 DSCF8658La traversée dure quelques dizaines de minutes et nous sommes débarqués sur une plage tout aussi désertique que celle où nous avions embarqué. Deux-trois baraques vendent des en-cas et des chaï aux transbordés que des sumo viennent chercher à toute vitesse laissant derrière eux un nuage de poussière. Stitched Panorama DSCF8666 DSCF8667 DSCF8671 IMG_7962 DSCF86831Notre véhicule n’ayant pas de portières (?!!?) on se retrouvera rapidement couverts de sable au bout des 10km de trajet jusqu’à la terre ferme.

Là, un winger* nous convoiera rapidement jusqu’à Pasighat…où nous arrivons à 10h30… bon… autant pousser un peu plus loin ? DSCF8692 DSCF8691 DSCF8695Allez, prochaine destination intéressante : Along à 100 kilomètres… 4 heures de route défoncées dans les montagnes en longeant le fleuve tous les 4 à l’arrière.
Les routes impeccablement carénées de l’Assam nous manquent déjà… Mais le paysage de jungle que nous traversons et l’eau du Brahmapoutre d’un bleu intense nous fascinent.S0118706 S02087421 S0298778 DSCF8787 S0358808 S0368826

Une longue journée qui nous fait nous enfoncer encore un peu plus vers les régions isolées de l’Arunachal Pradesh…

 

  • Les Indiens ont la marrante habitude d’appeler certains produits par celui de la marque référence (comme nous avec Scotch, ou Frigidaire…) Alors photocopier se dit to Xerox, et dans les transports on a le choix entre un Tata Sumo (gros 4*4 10 places), un Tata Winger (un minibus Trafic 15 places) … etc… donc parfois, on en arrive à des situations comme : « il existe un Winger pour aller à Trifouilli ? » « Ah nan nan… il faut prendre un Cruiser » « … !?! »

** Qui l’aurait cru ?! C’est en Inde qu’on retrouve enfaim de bonnes pâtisseries et douceurs qui agrémentent de délice nos petits déjeuners. Et bien loin des pains de mie en plastique, ou des croissants fourrés aux lamelles de poulet qu’on pouvait trouver dans les boulangeries en Chine, ici, on prend notre pied (lire : du gras) le matin, à tel point que pour l’instant, on saute le déjeuner.
*** Voyager – ou du moins voir du pays – est une conception bourgeoise d’occidentaux oisifs ! La grande majorité des gens du « monde » ne bougent que très rarement de leur ville. Alors quand on veut avoir une information telle que comment rejoindre cette ville ?… si ce n’est pas la « paroisse » d’à côté ou la capitale de région, les gens sont perdus, aucune info n’est fiable (ou elles sont très souvent divergentes)…

15 thoughts on “Sari, vaches et pâtisseries

  1. Pour le gras vous avez de la marge
    Les photos sont moins ouf mais les commentaires sont magnifiques
    C’est mieux que dans » terre inconnu »!!!
    Bises de la civilisation ( enfin la notre)

    1. Je suis bien d’accord. Les photos sont moins impressionantes, mais le texte s’ameliore et nous transporte autant que les photos d’il y a quelques temps. Encore un peu d’effort et on pourra vous publier.
      Je commence a reconnaitre un peu lInde que je connais. Vous avez pas ete trop perturbe par les « ok ok » avec la tete qui dodeline?
      Bise

  2. J’ai raté une grosse partie du voyage en Chine et je raccroche, et vous êtes déjà en Inde! vos aventures continuent à nous faire envie ici en France… Voyages, paysages, gens… enfin, vous êtes notre fenêtre au monde.

    Prenez soin de vous deux.

    Bisous!!

    (PS: un jour je vais me faire un intensif de votre voyage, ça donne très envie de voir tu ce qui vous est arrivé!!!)

  3. D’accord avec magoldo: les photos sont pas ouf (j’aime beaucoup celle de la plantation de thé) mais je vous sens revivre dans ce post après des débuts difficiles en Inde

  4. moi, les photos je les trouve bien, sans plus mais bien…
    pour les prendre, vous disiez « to kodak », ou « to lumix » ?

    bon, et à part les « sumo » et les pâtisseries, y à quoi à faire…?
    on doit vite se faire chier, non ?

    et enfin, pour tout vous dire, moi, le brahmapoutre m’a déçu…si !

    bises bises
    évouzétoulà

  5. Sur les photos, c’est pas la ligne bleue des Vosges que vous avez recyclée avec le lac de retournemer ?
    Pour les temples, je dirai hindi soit qui mal y pense
    C’est tout !

  6. Nous aussi on a retrouvé les pâtisseries mais en France ! Demain, reprise du boulot pour moi… le voyage me semble déjà si loin. Quand je lis votre blog, je me sens nostalgique. J’ai déjà envie de repartir !
    Profitez !

Ça vous inspire?