Direction Yarkand, par la route de la soie méridionale, qui longe le sud du désert de Taklamakan (number two des plus grands déserts du monde après le Sahara).
On part donc de l’auberge à 8h pour notre train de 9h20. Petite marge (!), mais on sait juste que la gare est assez loin de la ville. Il fait nuit et frais, mais un taxi et 25min plus tard, nous voilà à la gare.
Comme on le disait, le XinJiang est très militarisé/surveillé/contrôlé… et plus encore qu’autre part en Chine, nos sacs doivent passer aux rayons X.
Et là, malheur… le couteau suisse est repéré.
Le policier vient vers nous, nous dit no no, on essaye de discuter c’est juste pour le pique-nique…on le met dans le gros sac, … mais on n’est plus en Iran ou en Asie Centrale, et en Chine on applique la procédure.
Il nous demande d’aller nous asseoir, il garde le couteau, part et revient 10min plus tard avec un autre policier qui lui, parle anglais.
Il nous explique que la région est très contrôlée, qu’ils ne peuvent pas nous laisser le couteau, ça peut blesser…blablabla… Brice lui dit que des baguettes chinoises aussi ça peut blesser… mais lui répond… que c’est la procédure et qu’il est désolé pour nous. Bye bye le canif !
On attend donc le train. Et puis ce policier revient vers nous, et nous dit que si on revient à Kashgar, on pourra le récupérer. Il prend avec son Iphone une photo du couteau et du passeport de Brice, et lui donne son contact WeiXin (messagerie instantanée chinoise) et nous dit de le recontacter. Il s’appelle John ! Très sympa… il semblerait même qu’il a oublié qu’on vient de perdre notre couteau !
oui, d’accord… mais quand on reviendra à Kasghar, on sera à la gare… et il faudra repasser nos sacs aux rayons X ? et pareil à la gare routière ? (l’avion n’en parlons pas !)
Ok, donc le couteau ne pourra jamais sortir de Kashgar (!!)
Mathieu, Hélène, ce beau cadeau nous aura suivi pendant 8 mois!
Son voyage s’arrête à Kasghar !
Pfff, on est trop fachés.
Donc, le train arrive.
C’est celui qui relie Urumqi à Hotan. Il est parti la veille au matin, et quand on entre dans le wagon, on sent qu’il n’a pas été aéré depuis longtemps.
On a pris la classe « assis dur », et ce sont de vieux wagons. Tout le monde est entassé. Il y a des gros sacs partout, de la nourriture, et plein de passagers qui nous dévisagent, … On trouve nos places, on doit un peu pousser les gens. Et puis c’est parti pour 3h, assis sur une banquette bien raide. Et on confirme : « assis dur », c’est dur…
On arrive à Yarkand (ShaChe en Chinois), et là, il n’y a vraiment pas d’étrangers. Tout le monde nous regarde, s’arrête, tourne la tête une fois et puis scotch sur nous.
C’est drôle de les voir si surpris. Nous on dit salam, on sourit, et on continue notre route. Derrière nous, on les entend se marrer.
On se trouve finalement un hôtel (pas facile de trouver des hôtels : il y a au moins 5 ou 6 sinogrammes différents pour hôtel et il n’y en a pas beaucoup dans la ville), on négocie le prix de la chambre (oui, ça se fait comme ça, on est hors saison) et on pose nos sacs. Le soir, on entendra des filles passer dans le couloir, proposant leurs services… !
En attendant, on part se balader dans cette petite ville, loin du circuit touristique.
Si déjà à Kashgar, nous avions croisé deux-trois touristes occidentaux et quelques touristes chinois, ici il ne doit jamais y en avoir… ce qui fait donc que le vieux quartier ouïghour n’a pas subi de « remise à neuf » et reste juste un vieux quartier avec ses marchands ambulants, la nourriture, les moutons, les maisons en pisé, la poussière, les petits tricycles-taxi, … et plein de gens très contents de nous voir, nous prodiguant de larges sourires et de la sympathie.
On note aussi que dans ces villes du Xinjiang, les vieux quartiers sont ouïghours, et la ville nouvelle est « chinoise » (Han en réalité).
Et dans la ville nouvelle, ça fait du bruit, du chaos, alors on traverse les grosses avenues et on rejoint le quartier d’Altun (pour faciliter la circulation, les piétons doivent emprunter des passages souterrains, il y en a partout).
On y visite la jolie mosquée en bois sculpté et peint, et le cimetière attenant. Pas de noms, pas de dates. Juste ces formes allongées. Jolie géométrie.
La Chine que l’on connait est si loin ! Mais celle-là nous plait bien aussi, des trucs à voir de partout qui nous étonnent et nous émerveille.
Le lendemain matin, on reprend le train en direction de Hotan.
Donc retour à la gare, c’est ce même vieux train qui vient d’Urumqi.
Angoisse : on a encore dans notre sac l’Opinel… qu’ils n’avaient pas vu à Kasghar.
On décide de charger appareils photos, Ipod, téléphones, et tous nos trucs métalliques dans la besace de Brice, on se dit que la lame du couteau passera plus inaperçue.
On place donc sur le tapis nos 2 besaces côte à côte, et nos 2 sacs à dos, genre tout est regroupé.
Et à la sortie des rayons X, le policier demande à Brice de voir son gros sac… Ils ont vu un truc ! Mais ils ne savent pas où ! Qu’on est malins !
Bref, le policier fouille vite fait le gros sac, nous demande d’où on vient, France ! et puis finalement, il oublie ce qu’il cherchait, et hop, c’est bon, on va s’asseoir pour attendre le train ! Victoire !
Le train arrive, même situation que la veille : gros sacs, pleins de gens, assis dur, et odeur encore plus forte !
Et puis c’est parti pour 5h30 de train !
On longe le grand désert… mais comme le train est vieux, les fenêtres ne sont pas bien étanches… et rapidement, de la micro poussière de sable va s’infiltrer dans le train… Nous rendant rapidement poisseux et poudreux…
Les rideaux sont fermés, pour empêcher un peu de ce sable de rentrer… mais peine perdu, il s’immisce partout.
Dehors, c’est immense, désertique, et simplement un ou deux troupeaux de chameaux (voyage de ouf !)… mais les carreaux sont si sales qu’on n’essaie même pas de prendre des photos.
Plusieurs fois pendant le voyage, les contrôleurs (deux ou trois par wagon) s’attachent à balayer et nettoyer le sol des graines que les Chinois mangent en quantité, ou crient des informations… que nous ne comprenons évidemment pas.
Finalement, nous voilà à Hotan.
On met 2h à trouver un hôtel, parce que le premier qu’on a vu était un peu cher, et pas top… mais beaucoup d’hôtel n’acceptent pas les étrangers. Donc après avoir fait le tour de la ville, on revient à la case départ. Négociation, et nos sacs sont enfin posés !
Soirée nouilles (woué !) pas loin de l’hôtel. On est claqués !
Et puis, on passe 2 jours à se balader. Jolie ville.
Son marché ouïgours (brochettes, nouilles, panses farcies, omelettes,… !),
sa statue de Mao « qui sympathise avec un Ouïgour », son bazar (le plus grand du XinJiang) dans lequel, on trouve de tout ! Y compris de la viande de chameau, et puis le marché des animaux !
On y vend moutons, béliers, brebis, vaches, et chameaux !
Un chameau c’est énorme en fait ! beaucoup plus gros qu’un dromadaire ! Et ça coute environ 1300 euros. Oui, on a demandé, on ne sait jamais.
Et puis il y a aussi le marché aux pigeons !
On mange du paon ici ? (Georges…Georges…fait le paon!)
On comprend vite qu’on n’est pas au salon de l’agriculture pour montrer de jolis animaux qui sont tous beaux tous propres.
Ici, on est là pour acheter de la viande. Et à chaque négociation, un attroupement se crée entre les 2 protagonistes. En une poignée de mains, le deal est conclu.Et là, quelques mètres derrière les enclos, il y a de petits étals d’agneaux rôtis miam.
Programme des prochains jours, on continue sur la « route de la soie méridionale »… on va avoir 2-3 jours de « transfert » jusqu’à Turpan (Turufan), toujours au XinJiang.
Il est immense ce pays !
Note 1 – Brice s’est fait couper les cheveux. Le coiffeur chinois ne sait pas où se trouve le Kirghizistan (situé à 300km d’ici)… et qu’en France on parle… français…
coucou
aux lecteurs attentifs: « georges georges, fait le paon » est a private joke
seuls les vrais initiés peuvent comprendre
mais si vous demandez gentiment, on vous la racontera
oui, les peuples sont définitivement tous les mêmes, sauf à Monaco, ou à Neuilly
comme disait Finkelkraut (pas sûr), « tous pareils, tous différents »
il y a des vieux, beaux, des gens rustres, avec les canifs volés aux autres, des bouffeurs de nouilles, des mobylettes…
des faciès intéressants, qui se le dispute entre les gens rencontrés avant en Hgdyuenbchegejbbistan, c’est à côté du Kusgzecdhdvistan* (enfin pas si loin, 1000 bornes au pire) et les yeux qui brident un peu
magnifique, quelle belle rando vous faites, même sans canif
vous avez pu vous acheter un autre, un chinois au marché ?
bonnes bises
évouzétoula
si vous pouviez prendre des belles photos….., une ou deux…
on ne sait pas si finalement la campagne ne gagne pas sur la ville
À moins que vous évitiez les quartier moins typiques . Ce serait intéressant de voir le contraste ( s’il existe ) et de savoir comment ils vivent cela
Ils ont le net ils voient le monde …….?
Hotan en emporte le sable et les vestiges…. Bonjour les immeubles qui ressemblent à des pièces montées !
Le seul marché chinois que je connais c’était à Hong Kong et déjà j’avais eu un peu de mal, alors la les têtes et bouts de pattes par terre….
Mais on sent que vous ça va et finalement ça tombe bien ! Bisous
Toujours passionnant de vous lire.
Et là cela me rappelle quelques voyages entrain Beijing Datong et d’autres traversées
de la Chine. dans les mêmes conditions. Pas en pays ouïgour dommage mais vous nous
le faites vivre. Dany
Trop des voleurs de couteaux suisses ces chinois !! C’est China-Jo qui m’avait volé le miens à l’époque. Faut se méfier.
D’ailleurs j’y pense, ça serait pratique d’inventer un couteau suisse avec des baguettes chinoises dedans.
Avez-vous envisagé un couteau en céramique ? Bises
Très très malin!!!
Bravo!
En meme temps si tu viens avec ton couteau, ils ont pas pouvoir t’en vendre un a 4 Yuans. En tout cas les commentaires me rappel la chanson de Max Boublil (La Chanson Raciste). Giraudol, cherchez pas, vous devez pas avoir acces a Youtube…
Oh 🙁
M’intéresse pas ce pays, j’ai vécu 30 ans dans le 13e, je connais déjà.
t’as mangé du chien ?
Aucune idée, peut-être. Et sûrement d’autres cadavres.
Moi aussi j’ai vécu dans le 13éme , je crois même qu’on était dans la même rue!! Philibert Lucot! Il est ouf ce blog!!!
Pas mal. Rue Pascal, du côté propre du 13e. Mais beaucoup d’yeux bridés dans mon bahut, qui sont même devenus des amis et même plus si affinité avec l’une d’entre elle. D’où ma connaissance extrême des coutumes locales.
Je trouve que ces chinois n’ont pas l’air très catholique!!!
En même temps je suis sur qu’ils viennent juste de voir la première saison de Mac Gyver et que John il est fan et qu’en attendant la saison deux il se la joue devant ses potes en ouvrant des boites de conserves et des Harbin avec ton couteau de ouf!!!!
Y’a un vendeur du marché qui a manifestement déplu à Don Corleone :
https://enbourlingue.files.wordpress.com/2014/10/img_5131.jpg?w=590&h=441
Sinon, trop marrant le petit poulet qui se doute de rien, tranquillement assis dans la main de son acheteur… Dire que 2h plus tard il était servi en nuggets avec de la sauce barbecue.