Passage éclair par Téhéran pour aller prendre notre train en direction de Sari, ville située au nord de Téhéran, derrière les montagnes de l’Alborz et de la mer Caspienne.
Après avoir pris l’autobus dans le mauvais sens, et repris un autre dans le bon, on arrive un quart d’heure avant le train (petite marge… !). Heureusement qu’on a simplement un contrôle de passeport, et 6 contrôles des billets…
On monte s’installer dans notre compartiment. Un couple est déjà là, peut-être la soixantaine Monsieur et Madame Mousavi. La femme est voilée, mais pas fermée (en tout cas, pas dans le train !) (c’est-à-dire, pas de chaddor ou de grande robe noire).
On s’installe à nos places, côté fenêtre, et le train démarre. C’est parti pour au moins 8h ! Sari n’est pas très loin à vol d’oiseau, mais nous, on n’y va pas en oiseau… donc c’est long.
Un peu plus loin sur le trajet, une femme (toute fermée par contre) et son fils ado s’installe dans notre compartiment.
Personne ne parle anglais. Mais quelques sourires et phrases en farsi qu’on ne comprend pas, ça parle de nous, mais à voix basse… on ne comprendrait pas plus à voix haute ! Le train redémarre.
Les paysages sont superbes. Mais ça reste sec sec sec.
Après quelques kilomètres en direction du sud, la voie ferrée bifurque pour longer le massif par le flanc sud.
Les montagnes sont colorées, on dirait des monticules de sables, ou de safran et curry !…
Puis on s’élance entre les montagnes.
Le convoi ralentit, on commence à grimper. La vallée est très verte, et cultivée.
Mais on semble tellement perdus dans les montagnes arides.
On traverse même une coulée de boue peut-être de la veille, ça semble bien frais, et comme les rails sont recouverts, des ouvriers travaillent à les dégager, et le train y trace son sillon au pas.
On s’arrête 20 min dans une gare pour la prière. Et là, beaucoup de gens sortent du train… et c’est comme ça pour tous les trains en Iran : même les nouveaux trains à haute vitesse doivent s’arrêter…et ainsi perdre leur précieuse avance… heureusement que les avions n’y sont pas contraints.
Notre jeune mère très fermée reste, alors que la vieille femme qui semblait moins fermée, sort son grand tissu noir, se couvre et part prier avec son mari.
On a quelques difficultés à comprendre ces femmes en chaddor : sont-elles très pratiquantes? Pourquoi se couvrent-elles autant ?…
Parce qu’on se rend compte qu’il y a différents chaddor : certains sont « formés », pour se poser sur la tête avec un ourlet et tout qui va bien. Mais, le plus souvent, les femmes que l’on voit portent simplement un très grand morceau de tissu acheté au mètre surement, noir de préférence (la couleur de l’été 2014… !), et s’enferment dedans, le coinçant sous les bras, et dans leur bouche, pour former un petit losange de visage visible…sans main qui dépasse, le sac coincé dans les plis et replis…
Bref, 20min plus tard et une locomotive de plus au convoi, on repart. La pente devient de plus en plus raide ; l’altitude rend l’air plus frais, et les arbres sont de plus en plus nombreux (la jungle comme on appelle la forêt en Iran).
Des lacets, des tunnels « en colimaçon », des ponts qui enjambent des vallées… la voie ferrée redescend vers la mer sur plusieurs niveaux successifs. Techniquement impressionnante (et impressionnant Brice !), la ligne l’est aussi par ses paysages remarquables… nous sommes passés de paysages dignes de westerns, à d’énormes montagnes vertes boisées.
Plus on descend, et plus l’air se charge aussi en humidité…et il commence à faire très chaud dehors et bien sûr, les vieux wagons des années 50 rachetés aux chemins de fer allemands ou luxembourgeois ne sont pas climatisés. Et Marion sous son voile et sa robe, a déjà hyper chaud, …mais en face d’elle, sous sa robe et son chaddor…l’autre femme (la mère) secoue simplement un petit éventail, genre tout va bien… mais on sue tous à grosse goutte !
On continue notre reportage photo par la fenêtre du train qui roule lentement à travers les montagnes… !
On papote finalement un peu avec le fils Mohammed de 16 ans, qui parle trois mots d’anglais et beaucoup en farsi.
On nous apporte un plateau repas (…kebab riz/poulet ! woué !) et un coca qui se renversera sur la robe et le pantalon de Marion, finalisant l’aspect visuel « crade et transpirant » de cette journée !
Ces conversations passeront un peu le temps. On demande à Brice son prénom et son métier, mais on ne demande rien à Marion. C’est courant ici. On ne sert pas la main aux femmes, mais souvent, ils ne la regardent carrément pas, adressent pas la parole. C’est culturel. C’est l’effet chaddor, dit Marion.
Et puis, finalement, avec 30 minutes de retard, on arrive à Sari.
Monsieur Mousavi (qui ne parle ni anglais ni rien d’autre !) de notre wagon décide de nous accompagner à la gare de bus dans la Xantia de son fils flambant neuve, parce qu’en fait, nous, on ne va pas à Sari, mais à Gorgan, 150 km plus loin. Et heureusement qu’il est là, car dehors, un essaim de chauffeurs de taxi tourne autour de toute personne débarquant du train.
A la gare routière, on nous dit qu’il n’y a plus de bus, et qu’on doit prendre un savari, un taxi collectif longue distance, qui partent une fois plein, soit 4 ou 5 personnes.
On arrive à la station de savari, et on achète nos places et on attend. Peut-être 20min. Deux femmes voyagent avec nous.
Nous sommes un peu claqués, et dans la voiture il fait trop froid à cause de la clim’ !
Deux heures plus tard, on arrive à Gorgan. L’air est hyper humide (on commence à regretter l’air chaud mais sec du plateau). Ça y est, nos vêtements collent… Beurk.
On se trouve un petit hôtel qui pue, avec un gros ventilateur au plafond. Mais on y dort deux nuits pour à peine 15 euros… les deux nuits !
On se promène un peu dans le bazar, on s’achète du raisin, et on mange un bon kebab/riz (woué !).
Une douche, on se sèche, on est re-(ou encore) mouillé, et au lit !
Le lendemain, on prend un minibus pour Gonbad-e Kavus, une ville situé à 1h30 de route de Gorgan, mais célèbre pour sa grosse tour de l’an 1007, construite pour un poète.
Le minibus est vraiment mini, et il y fait très chaud (on devrait prendre l’habitude, mais non ! Et surtout, le chaud humide c’est beaucoup plus éprouvant que le chaud sec !) Donc on transpire, et on est tout serrés, mais on arrive à Gonbad, et finalement on a faim.
Donc direction le resto de brochettes, on commande des petits foies, du kubide, Brice demande si il y a du cœur, Karim (le tenancier) nous sort d’un sac plastique une trachée avec un cœur et des poumons attachés, Marion en aura l’estomac tout retourné …et se contentera des foies !
On quitte le resto repus (ou presque) et il fait vraiment chaud pour visiter une tour sans ombre autour… on s’arrête donc pour manger une glace, chez un glacier turkmène.
La frontière n’est qu’à une cinquantaine de km, et c’est marrant de voir des gens aux yeux un peu bridés et parfois très clairs, les cheveux raides. Si le peuple majoritaire en Iran demeure les Aryanis (les mêmes que les Aryens), il y a en Iran de nombreux peuples qui coexistent assez bien ensemble, sans trop de discrimination (il y a par exemple deux fois plus d’Azéris – 20 millions sur 80 – en Iran qu’en Azerbaïdjan !)
On papote avec les 5 mots de perse de Brice, et nos 20 mots de turc (les deux langues sont assez liées) et après 1h, on visite finalement la tour, en 15min. Un OVNI au style épuré, au milieu de nulle-part, avec rien du tout dedans.
Et retour en minibus à Gorgan (mais encore plus mini et plus chaud que celui du matin – ça nous coûte 50 centimes à deux).
Note 1 : En Iran, comme il fait chaud, il y a souvent dans la rue des petites boutiques pour acheter des trucs à boire bizarre, avec des trucs qui flottent, ou des glaces qui collent, ou qui ressemblent à des bols de nouilles…
Nous on a tenté chaud et humide, voire très chaud et très humide, et Ben c’est atroce!
Hehe ! Le chaud et humide, mon préféré !
Moi, j’y crois pas, aux photos des montagnes. Je pense que c’est un montage ou que ça sort des studio de la fox, j’ai trouvé ?
Le viaduc entre les deux montagnes au dessus de la ville…ouf guedin. Je trouve quand meme qu’il n’y a pas suffisament de photo de vous les amis. Les paysages c’est beau, mais ils ne nous manque pas (du moins jusqu’a ce qu’on voit vos photos) contrairement a vous.