Ca faisait longtemps qu’on en parlait, mais le rythme dense de nos semaines de travail, la chaleur de ces derniers mois de mousson, les typhons fréquents dans la région, et simplement la fatigue nous on fait repousser et repousser et repousser notre premier petit voyage à deux en Chine depuis notre arrivée(!)
Mais ça y est, on va se faire une escapade à Xiamen. C’est à environ 600km de chez nous, ça sera parfait pour un court week-end “ailleurs”.
Xiamen, est une “petite ville” de 3,5 millions d’habitants située dans la province du Fujian, île urbaine posée le long du détroit de Taiwan. Oui, Taiwan n’est qu’à 130 km d’ici, juste en face et c’est d’ailleurs ici que les bateaux partent pour ce pays-à-part-entière-dont-personne-ne-reconnaît-le-statut-indépendant. (Sujet tabou parmi tant d’autres en Chine)
C’est ainsi que 2 semaines avant – oui, il faut prévoir en avance dans cette Chine où les places dans les trains sont toujours très vite pris d’assaut – nous partons acheter notre billet de train.
On regarde sur un site – en anglais -, on s’organise, on note le bon numéro de train et hop, on se dirige vers le minuscule bureau des tickets à Xinxu. (pour rappel – la gare ferroviaire la plus proche est à 45min de voiture).
Serait-ce notre sédentarité ou la vie ici qui nous fait perdre un peu la confiance qu’on avait acquise en voyageant, mais acheter ce billet, sans demander l’aide de nos collègues ou de quiconque d’autres ne nous paraît plus si simple.
Parce qu’on sait qu’on ne va pas nous comprendre, que le type ne va pas ralentir son rythme d’élocution pour nous aider, qu’il y a aura 15 personnes qui vont hurler autour de nous, passer leur tête entre la nôtre et la fenêtre du comptoir “ah pardon, je ne vous avais pas vu…”, faire une photo et se marrer de notre piteux accent chinois. Mais on tient à rester indépendant. On veut faire et savoir faire.
Alors confiance confiance!
On a de la chance, en arrivant au comptoir, dans une boutique sans porte et sans vitrine, nous sommes seuls. Le gars nous pose bien quelques questions, mais on gère. Et hop hop hop, nous voilà 10min plus tard munis de nos tickets pour Xiamen, aller-retour en train grande vitesse, AC et TV. Le luxe!
Bon, entre temps, on apprend que Brice doit partir en voyage pour le travail à Singapour et en Inde. Donc nous voila de retour au guichet quelques jours plus tard pour avancer notre retour du dimanche soir.
Mais ça aurait été trop simple ainsi.
Note pour plus tard : on ne peut que changer les billets dans une gare.
C’est tout de même dommage pour ce mec dans sa guitoune qu’on ne lui ai pas installé la touche “exchange” sur son clavier.
Nous sommes en mode extra détendu ce jour-ci et l’information passe bien.
Ok, on ira vendredi soir au comptoir avant notre train.
Ca y est. On fait notre sac. Simple, léger, compact.
On rationne le dentifrice, le savon, et les t-shirts – on ne part que deux jours, on portera tout sur notre dos.
On prend un peu de marge le soir pour commander un didi*, et comme c’est vendredi soir en Chine, il y a beaucoup beaucoup de monde, même dans une petite ville du confins et nous allons mettre 1h30 pour faire 20km – et comme notre chauffeur didi ne sait/veut pas lire son GPS, il n’a pas la brillante idée de prendre une route parallèle.
Après 3h de train et 1h de bus – parce que la gare de train est située à 25km de la ville, (on avait oublié ces lointaines gares construites en prévisions d’une extension phénoménale des villes) nous voilà déposés au centre ville de Xiamen.
Il est 23h, mais déjà, on ressent une atmosphère différente de chez nous : l’architecture, l’air, les gens…
600 km à l’échelle de la Chine, ça n’est finalement pas tant que cela, mais ce pays est varié et ces quelques centaines de km nous font déjà nous sentir ailleurs.
Nous sommes définitivement loin de notre campagne du GuangDong.
On marche dans les calmes ruelles de la ville à la recherche de notre hôtel longeant les arcades et observants les quelques petites échoppes encore ouvertes à cette heure tardive.Ces ambiances sont chouettes à découvrir. Ces moments ou le privé de la maisonnée prend le pas sur le public de la boutique.
Bien souvent dans ces quartiers populaires, les gens vivent dans leur magasin, au premier étage au dessus ou simplement dans l’arrière boutique au fond.
Aussi, à cette-heure, s’il y a encore de la lumière dans la minuscule boutique, on sent que les gens se préparent pour la nuit. Quelques tables sont installées en extérieur dans les calmes rues du vieux centre. Les joueurs de cartes ou de mahjong jouent leur dernière partie, et nous, nous sirotons notre jus de fruit frais fraîchement pressé. Relax.
Nous posons nos affaires dans une petite auberge basique. C’est l’esprit bourlingue qui persiste. Ca ira bien pour le week-end.
Samedi matin, à nous Xiamen!
On se sustente de quelques “bouchées-vapeurs à la viande” et d’un grand jus de fruit frais, il y a des étales à tous les coins de rue.
Les mangues sont énormes, les goyaves, papayes, fruits du dragon, oranges et citrons, pommes et melons, pastèques et kiwis. Que de couleurs et de saveurs. On se fait une cure.
Renforcant ainsi notre sentiment d’escapade. De vacances – même si nous n’y sommes que quelques heures.
La ville est touristique, réputée dans tout le pays pour sa qualité de vie.
Une ville agréable à vivre.
Si nous profiterons plus tard des rues calmes, l’évidente attraction touristique de Xiamen demeure le petit îlot Gulangyu.
Si les touristes – les personnes qui comme nous ne résident pas à Xiamen – ne peuvent plus dorénavant prendre le petit ferry traversant le court détroit et doivent par conséquent rejoindre un plus gros bateau plusieurs kilomètres au nord, il n’empêche que les quelques minutes de traversée des cinq cents mètres qui séparent GuLangYu de la ville, sont en réalité un voyage à travers les époques et les lieux.
En effet, à la fin du XIXe siècle, suite à la première guerre de l’opium, les Européens sont autorisés à installer un comptoir à Amoy (ancien nom de Xiamen) sur cette petite île.
L’île demeurée longtemps enclave étrangère a évolué en marge de l’histoire de Chine (ne souffrant que très peu des affres des dernières décennies).
Pas d’automobiles, l’île est terriblement calme.
Si de nombreux touristes s’y baladent ou se prennent en photo, il y a très peu d’artères intégralement dévolue au commerce touristique (comme c’était le cas à LiJiang ou FengHuang). Les gens continuent d’y habiter. On trouve encore des quartiers résidentiels aux étroites rues bordées de riches maisons coloniales, ou d’immeubles d’habitations plus récents, dédiés à héberger les Chinois qui vivaient alors sur l’île.
Si certaines vieilles bâtisses sont quelque peu décrépies, il n’en reste que leur présence dans leur jus est impensable dans ce pays.
Loin du tumulte urbain de la ville, on a sentiment de déambuler dans un autre siècle.
Sur des photos d’époque, on peut voir des familles de colons, entourés de leur personnel chinois, tous en costume d’époque (avant l’abdication de l’empereur: les hommes chinois portaient encore de longues nattes!). On imagine qu’alors il leur avait fallu traverser plusieurs mers et pendant de longs mois avant de rejoindre ce bout du monde!).
Il fait chaud, très chaud.
Néanmoins il souffle cette agréable brise si caractéristique des villes côtières. Légère et fraîche, donnant des envies de prendre le large!… et nous voilà déjà très loin.
Quand nous rejoignons le sommet d’une colline dominant la ville et le continent si moderne, on a l’impression d’être dans une bulle, loin de cette horizon de modernité, de verre et d’acier pourtant à quelques centaines de mètres de nous.Déjà le soleil se couche, nous retraversons le chenal qui nous ramène au présent.Comme souvent dans ces chaudes régions asiatiques, c’est une fois que la torpeur de la journée tombe que les étales et les tables investissements les devantures et les trottoirs.
Le timing parfait pour profiter d’un repas de délicieux fruits de mer pour l’anniversaire de Brice.
Le lendemain, nous privilégions une balade en “ville”, dans la partie historique de Xiamen.
On rejoint dans un premier temps un charmant temple bouddhiste.
Puis la température grimpant, nous allons nous réfugier dans les quartiers populaires.
Les gens semblent y vivre à autre rythme quiet.
On se sent dans “le Sud”, pas de traffic, pas de bruyante moto.
On fuit la chaleur et les brûlants rayons du soleil en cette fin d’été, pour s’engouffrer dans les étroites ruelles du vieux quartier, extraordinairement préservé (dans cette Chine qui a pour habitude de tout “renouveler”).
On comprend qu’à l’ombre de petits édifices bordant ces rues pas plus larges de deux mètres, il fait toujours frais, et nous nous plaisons à prendre la tangente et à nous perdre dans ces dédales de calmes venelles résidentielles.
On y croise une mamie qui fait sa sieste, un livreur poussant son chariot, un papy nettoyant des viscères de porc. Puis la rue tend à s’élargir et mène à un temple ou un marché.
Xiamen a été pour nous un véritable bol d’air frais.
La mer, le confort, la quiétude et les vieux quartiers. Au risque de nous répéter, on souligne que notre expérience à HuaGuo est bien différente de celle que nous aurions en habitant à ShenZhen, à Canton, à Xiamen ou n’importe quelle centre urbain “développé”.
Et en dehors de l’aspect pittoresque et culturel que cette ville nous offre et que nous avons absorbé avec besoin, c’est le confort d’une ville moderne et d’une civilité, qui fait défaut chez nous, qui nous a réconforté à Xiamen.
Ce bol d’air frais n’est finalement pas si loin de chez nous, on y retournera volontier.
* didi, c’est le Uber local.
Tu donnes ta position de départ, tu dis ou tu veux aller, et tu lances une demande générale.
Les voitures didi reçoivent ta requête et c’est au premier chauffeur qui l’accepte.
Toi tu ne peux pas choisir ton didi. Mais lui voit et sait ou tu veux aller (cette dernière phrase est importante pour la suite).
Il y a quelques semaines, ils ont eu la bonne idée de faire une version en anglais. Quelle révolution pour nous!
On peut pré-enregistrer des messages pour dire “oui oui, je suis la. Regarde la position gps.” ou “Je suis un loawai.”.
Mais le chauffeur va quand même t’appeler pour te dire ni zai nali? (t’es où?) Et toi de repondre wo zai zheli (je suis ici).
Et ensuite il reparle, et tu lui dis, buhaoyisi… wo bu hui shuo han yu… women liangge loawai … (désolée, je ne sais pas parler chinois – nous sommes deux étrangers), et il te dit wo ting bu dong (je ne comprends pas).
Alors tu raccroches, tu cherches sa plaque d’immatriculation, il te rappelle, tu redis que tu parles toujours pas chinois, mais que tu es à l’endroit indiqué du GPS, il te dit qu’il te comprend pas et tu raccroches, et tu le trouves et il est content, et tu es content, et il te dit ahhh tu peux peux pas parler chinois….hahaha…
Tu es dans sa voiture, et tu te dis que tout va bien aller maintenant.
Mais… pas toujours
Parce que dans les faits, plusieurs cas se presentent:
Cas n.1 : tu dois aller à Shenzhen – et il faut une plaque d’immatriculation spéciale pour Shenzhen, pour réguler les bouchons lors des heures de pointe.
Donc on monte dans sa voiture, on traverse le village et il dit :
– ah mais tu veux aller à Shenzhen? Parce que moi, ma voiture elle ne peut pas y aller…
– Mais pourquoi t’as pris la course alors? Tu croyais qu’on allait changer d’avis ?
Il faut donc descendre de la voiture, annuler la course – par lui et par nous – le compte didi est bloqué parce que à ce moment précis, le réseau beuge…
Cas n.2 : le chauffeur accepte la course, commence à rouler quelques minutes et se rend compte que chez nous c’est loin, qu’il faut payer un extra, que blablabla…
Mais, tu as choisi la course nan?
Cas n.3 : le chauffeur ne connaît pas la route et refuse de suivre son gps et nos explications quand on lui dit mais siiii, on connaît, c’est par là-bas notre maison… on y habite… et lui il répète, je connais pas, je connais pas… et commence à nous expliquer on ne sait pas quoi avant de nous voir descendre de la voiture, un tantinet agacé.
Cas n.4 : le chauffeur trouve que la route est trop petite et s’enfonce trop dans la campagne et décide de ne pas aller plus loin (la nuit surtout, ils ont peur)
Bon ben, une fois, on a finit le dernier km à pied à 3h du matin.
Cas n. 5 : le chauffeur didi ne sait ni lire les panneaux ni son gps. Et là, c’est galère.
Il y a bien sur des cas faciles, sans trop de stress ou de mésaventures, mais d’après nos statistiques en interne, on doit être à 25% des cas.
Bouffée d’air dans le brouillard
On vous retrouve curieux, heureux,séduit ça fait du bien
Et vous êtes toujours aussi beaux
Bises
C’est pas bien de rire du malheur des autres mais vos didi me font bien rire!quel patience de vivre en Chine! Bisous
Marrant, didi on en parle en France en ce moment, ils devraient débarquer à Paris. Mais s’il n’y a que 25% des courses qui se passent bien, ça va être tendu pour eux 🙂
Bises
Ce n’est pas pelote de laine, mais pelote de fil électrique,
mais tout de même pour la chine, c’est rudement propre et organisé et la soupe de Brice aux fruits de mer, hum un délice, une envie …
beau reportage qui fera des envieux certains
Coucou mes bourlingueurs chéris.
Ouai je sais j’ai un peu de retard, mais bon… Je profite du retard de Cebu Pacific aux Phils pour me ratraratt en direct de l’avion bloqué sur la piste 🙂
Ça avait l’air d’etre vraiment très sympa ce weekend.
On sent que ca vous a permis de faire echaperé la pression et une zen attitude emane du post… Et une envie de re-bourlinguer aussi 😉
Un joyeux anniversaire brick’sman !
Un gros bisous !
La NDLR est casi plus intéressante que le post…hahahaha….fdp de didi ! Pour rire bien sûr.
He he he… Une toute petite année de retard!
Heureusement, il n’y a eu que peu de posts!